Individus et groupes sociaux : la stratification sociale

I – La stratification sociale

C’est la division de la société en groupes différents en fonction de critères variables. La société est une superposition de strates.

Une strate sociale regroupe toutes les personnes présentant une situation semblable pour un critère social donné et qui se situent ainsi dans un même niveau de la hiérarchie du prestige.

La stratification de la société a souvent été dépeinte comme une pyramide ou un diamant : plus on descend dans cette pyramide, plus le nombre d’individus est important.

A – Critères de différenciation

1 – Critères de différenciation socio-économiques

  • le patrimoine
  • le prestige
  • les statuts professionnels
  • la formation
  • le pouvoir
  • les revenus

2 – Critères de différenciation psycho-démographiques

  • l’âge
  • le style de vie
  • le sexe

B – Les groupes sociaux

L’individu partage-t-il nécessairement les valeurs et les représentations de son groupe ?

Pour cela, on étudie 2 groupes.

Le groupe d’appartenance est le groupe auquel appartient la personne.

Le groupe de référence est le groupe qui sert d’étalon pour juger de ce qui est bien ou mal tant pour sa conduite que pour celle des autres. Ce sont ses valeurs, ses normes, ses façons d’agir et de se comporter qui constituent l’idéal de celui qui s’y identifie.

II – Divers types de stratification sociale

Toute société comporte une stratification sociale, une hiérarchie. Les critères sont variables selon les sociétés (traditionnelles ou industrielles) : certaines donnent de l’importance aux vertus religieuses, d’autres aux prouesses guerrières et d’autres encore à la possession de richesses, de pouvoir, de prestige…

La manière de délimiter les groupes sociaux est aussi différente selon les sociétés (contours rigides : les castes ; contours plus souples : les classes sociales). Les systèmes de stratification sociale sont donc très divers.

A – Les castes

Groupe fermé strictement hiérarchisé et codifié dont les limites sont très bien définies.

C’est la loi religieuse qui définit le nombre de castes, leur composition, la nature des fonctions de chaque caste, les privilèges. L’accès à la caste est lié à la naissance : son appartenance se transmet de générations en générations.

L’idée de mobilité sociale est exclue. Les groupes sont endogames (on se marie à l’intérieur de sa caste). Il y a une profonde répulsion entre les groupes.

Les castes imposent à leurs membres des manières de penser, d’agir, des valeurs et des normes : un habitus. Chaque caste a sa spécialité professionnelle mais aussi un caractère religieux.

Par exemple, en Inde, il existe la caste supérieure – les Brahmanes – et la caste inférieure, les Intouchables. Les castes ont été abolies par la loi mais ont toujours une existence de fait.

B – Les ordres

Sont des groupes sociaux fermés et hiérarchisés. La distinction se forme à partir d’une hiérarchie de droits.

Les fondements de cette hiérarchie sont l’honneur, l’estime, la dignité attachés par la société à des fonctions sociales. La tendance est à l’endogamie.

Exemples : Clergé, Noblesse, le Tiers-Etat. En théorie le clergé est le premier des trois ordres, c’est le premier rang d’honneur. Sa fonction est d’être l’intermédiaire entre le monde humain et le monde divin. La Noblesse doit maintenir l’ordre sur terre. Le Tiers-Etat s’adonne à des tâches peu prestigieuses.

C – Les classes sociales

Sont des groupes ouverts et hiérarchisés. L’hétérogamie existe tout comme la mobilité sociale.

Les critères de différenciation sont les revenus, le niveau de vie, le prestige, les contours ne sont pas précis et les classes n’ont pas d’existence légale mais une existence de fait.

Aujourd’hui, la société est devenue plus homogène à cause de la montée de la classe moyenne.

On distingue 4 classes sociales :

  • la bourgeoisie
  • la classe moyenne
  • la classe ouvrière
  • les paysans

III – L’analyse des classes sociales

A – La théorie marxiste des classes sociales

L’auteur de cette théorie s’appelle Karl Marx (1818-1883), philosophe militant allemand et révolutionnaire. Il est à l’origine d’un ensemble de thèses connues sous le nom de “marxisme” : Le Capital (1867) et Le Manifeste du Parti Communiste (1848), co-écrit avec Engels.

Marx critique le système capitaliste et énonce deux caractéristiques des classes sociales.

1 – Première caractéristique : la possession des moyens de production

L’origine des classes sociales est due à l’organisation de la production (sous-entendu : l’organisation de la production du système capitaliste).

Cela définit aussi la place occupée par chaque classe dans le processus de production.

La bourgeoisie : propriétaire des moyens de production (capitalistes).

Le prolétariat possède sa force de travail (classe ouvrière).

Les ouvriers sont obligés de “vendre” leur force de travail contre un salaire parce qu’ils ne possèdent rien d’autre. Cette force de travail permet de produire une plus-value que s’approprient les capitalistes.

La plus value est la différence entre la valeur créée par la force de travail et la rémunération de cette force de travail. Cette différence, les capitalistes se l’approprient. Le salaire est donc inférieur au travail fourni.

2 – Deuxième caractéristique : la lutte des classes

La place dans le processus de production ne suffit pas à définir une classe sociale selon Marx. Il faut que les membres de la classe prennent conscience de leur unité et de leur différence avec les autres classes.

Marx ne sépare donc pas la notion de classe avec celle de lutte des classes. Les 2 classes que l’on a défini sont par conséquence des classes antagonistes : la bourgeoisie exploite le prolétariat.

Conclusion : Marx est favorable à l’abolition de ces classes sociales : il souhaite une société sans classes.

B – L’analyse de Max Weber

Max Weber (1864-1920) est un sociologue allemand et un des pères fondateurs de la sociologie, tout comme Durkheim.

Il est en faveur de la théorie individualiste (l’homme est actif) et distingue dans la société 3 sortes de hiérarchies qui correspondent à 3 ordres : l’ordre économique, l’ordre social et l’ordre politique.

1 – La classe est déterminée par l’ordre économique

Classe : ensemble des individus qui ont des conditions économiques semblables (biens et services).

2 – Le statut est déterminé par l’ordre social

Statut : importance du prestige (fondé sur le même mode de vie, sur la manière de se loger, de se vêtir…). Prestige aussi de la naissance (aristocratie).

3 – Le parti est déterminé par l’ordre politique

Parti : désir d’acquérir un certain pouvoir.

Conclusion : les hiérarchies ne sont pas toujours liées entre elles. Le cas de la noblesse ruinée et celui des nouveaux riches montrent que la place des classes sociales ne correspond pas exactement à celle des groupes statutaires.

C – L’analyse de Pierre Bourdieu

Pierre Bourdieu (1930-2002) est un sociologue français. Il a fait une synthèse des 2 analyses différentes.

L’analyse marxiste prône une division de la société entre “dominants” et “dominés”.

L’analyse de Weber montre que le rapport de domination peut être étendu hors de la sphère économique (social + politique).

Bourdieu donne de l’importance à la distinction : les acteurs de la vie sociale ont souci de se distinguer.

Chaque participant à la vie sociale dispose d’un certain nombre de ressources :

  • ressources matérielles : capital économique (revenus, outils de travail – cabinet, exploitation agricole, fond de commerce -, patrimoine).
  • ressources culturelles : capital culturel (diplômes, maîtrise de la langue, possession de livres, types de loisirs, jeu d’un instrument de musique).
  • ressources sociales : capital social : ensemble de ressources dont un individu dispose en raison de son appartenance à un groupe social donné et qu’il peut mobiliser pour favoriser sa réussite personnelle (relations, informations).

Ces différentes ressources peuvent être investies dans différents secteurs et toutes ces hiérarchies sont liées entre elles.

Conclusion : il est évident que les individus n’ont pas les mêmes chances au départ dans cette course à la distinction. Ce qui joue un rôle fondamental pour Bourdieu c’est l’habitus.

IV – Relations entre Professions et Catégories Socioprofessionnelles (P.C.S.)

A – Critères de classification des PCS

  • profession individuelle
  • secteur d’activité
  • statut
  • qualification professionnelle
  • position hiérarchique
  • importance de l’entreprise

B – Les PCS ne sont pas des classes sociales

La profession n’est pas un indice suffisant pour appartenir à une classe sociale : il ne suffit pas d’être chef d’entreprise pour être bourgeois. Il faut assimiler les manières de vivre et de penser de la bourgeoisie : il faut l’habitus de classe.

Les PCS prennent comme référence les actifs : c’est la famille qui permet de ranger un individu dans une classe.

Les PCS sont plus empiriques et plus statistiques : ils traitent d’effectifs alors que les classes sociales sont plus théoriques et plus sociologiques (pas d’effectifs).

Les statisticiens utilisent beaucoup les PCS (exemple : pourcentage de cadres possédant une voiture). Par contre, le concept de classe sociale est utilisé pour comprendre les inégalités sociales (exemple : la classe ouvrière).

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22 pensées sur “Individus et groupes sociaux : la stratification sociale”

  1. entant qu’etudiant en psychologie clinique,ce site m’a bcp interesse,et j’encourage les autres
    a y participer.

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  2. Il y a bcp plus de groupes sociaux non? En plus de groupe d’appartenance et groupe de référence j’ai aussi dans mon cours:
    *le groupe primaire (la famille),
    *le groupe secondaire (groupes de petites taille reposant sur des bases utilitaires ex:syndicat),
    *le groupe latent (habitude de fréquentation d’un même lieu + caractéristiques communes ex:voyageurs d’un bus scolaire)
    * et le groupe manifeste (Les individus participent à des activités dans un groupe explicite qui a ses règles, ses codes ex:bande de potes)

    Sinon, très bon site :)

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  3. c tres interessant..mais j ai ds mon cours ke les classes sociales font parti des aspects structuraux de la differenciation sociale tel que la stratification sociale non pas un type de stratification sociale car ce sont deux aspects plus au moins differents dans leurs criteres..et si vous avez un autre point de vue dites le moi.et merci

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  4. J’ai été surpris en voyant ce cours, car c’est le même, à trés peu de chose prés de mon professeur. ça va ! Les profs ne se casse pas trop le derriére!
    Mais il est fabuleux : )

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  5. Bon béh maintenant je sais où mon prof d’éco pompe tout ses cours ^^”! Exactement la même chose comme c’est étrange.. En tout cas c’est bien utile vu ke javais pas tout suivit :) Merci beaucoup pour les explications!

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  6. Encore heureux que les cours de vos profs s’apparentent aux diverses parutions que vous pouvez trouver!

    PS : Bourdieu distingue un quatrième capital qui est le capital symbolique, et qui consiste en la capacité à mettre en valeur les autres capitaux.

    PS 2 : Weber n’est pas un individualiste (qui relève du normatif, de la morale = ce qu’il faut faire). Il parle d’individualisme méthodologique, ce qui est tout à fait différent. Tout est question d’explication de l’action sociale : le holisme (Durkheim) dit que l’action de l’individu agit en fonction des valeurs du groupe auquel il appartient (toutes les actions auraient la même signification), tandis que l’individualisme méthodologique se veut interprétatif (l’individu agit en fonction de valeurs qui lui sont propres, et il s’agit justement d’interpréter l’action en fonction du sens que l’individu donne à son action).

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  7. Merci beaucoup à vous, ceci m’a beaucoup aidé afin de réviser mes partiels surtout en sociologie…..Le site est clair, précis et concis!!!!

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  8. So glad to know ce site….ben enfet je suis en sociologie et cela m’aide beaucoup….tout est clair et concis. Bref c’est un parfait resume.

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  9. La vison de la pyramide sociale des grands théoriciens de la question, offre l’inconvénient d’être statique, en ne prenant pas en compte un fait pourtant essentiel : l’évolution démographique.
    Ci-après une réflexion à ce propos :
    Monstrueuse pyramide sociale
    La pyramide des âges synthétise et représente graphiquement la manière dont se répartissent les individus constitutifs d’une structure, telle une nation par exemple et cette représentation à des moments successifs rend compte de l’évolution de la répartition qui y règne, mettant en évidence les effets inéluctables à attendre de son vieillissement, tel qu’il résulte de celui des individus qui la composent. Il en est en effet d’un organisme, quel qu’il soit, comme de n’importe lequel d’entre nous, et au-delà comme de tout ce qui existe : à la naissance fait suite la croissance (ou développement), puis le déclin (ou régression) et enfin la mort.
    Pour tout individu comme pour toute nation et pour l’humanité entière, il s’agit dès lors de repousser autant que possible cette échéance fatidique, avec un certain succès à en juger par le spectaculaire allongement de notre espérance de vie, même si ce dernier demeure aussi infime qu’illusoire au regard de l’éternité à laquelle certains aspirent. Quoi qu’il en soit, la solution aux problèmes que pose ce vieillissement à l’espèce humaine, en termes de banale organisation, semble résider dans le maintien de son taux de natalité à un niveau assurant le remplacement de ses actifs, tout en tenant compte du fait qu’en dépit de l’allongement de leur durée de vie ils finiront par être incapables de la moindre contribution à l’effort collectif puis disparaîtront, remplacés par de nouveaux venus, dont le nombre est hélas d’un ajustement des plus problématiques. Alors que ces remplaçants naissent en surnombre là où ils ne le faudrait pas, ils manquent là où ils sont d’une nécessité criante. Monumental casse-tête à la complexité duquel s’ajoute des aspects éthiques, religieux, idéologiques, etc. qui, pour aussi respectables qu’ils soient, le rendrait insoluble s’il ne l’était de lui-même.
    Une autre représentation pyramidale existe, dont l’objet n’est plus l’âge des hommes mais leur rapports sociaux. Cette pyramide sociale exprime la répartition des êtres humains, non plus en fonction de leur âge mais selon leur richesse (ou leur pauvreté) et leur pouvoir (ou leur dépendance) ; pouvoir sur autrui et pouvoir de changer leur propre destin ; dépendance par rapport à ceux qui, par un euphémisme ne manquant pas de cynisme, sont présentés comme leurs semblables.
    A l’époque du franchissement du cap des 7 milliards d’êtres humains et d’une mondialisation qui, par la réduction des distances et des différences, tend à réduire à une seule les pyramides sociales de toutes les nations, le sujet ne vaut-il pas d’être évoqué ?
    La misère n’est pas, comme la pauvreté, un état relatif trop souvent confondue avec l’inconfort. Qu’a en effet de commun une petite minorité d’exclus (même si son utopique éradication doit être tentée jusqu’à ce qu’il n’y en aie plus un seul) à Paris ou au fin fond de la banlieue la plus déshéritée de n’importe quelle grande cité occidentale, avec ces milliards d’indigents absolus qui peuplent le Sahel, la Somalie et tant d’autres pitoyables États comme les tas de détritus des faubourgs du Caire, de Calcutta et de trop nombreuses métropoles surpeuplées ?
    S’il est possible de relativiser la pauvreté au point de l’assortir d’indices et autres outils d’évaluation statistique, il n’en est pas de même pour ce dénuement total qui règne là où la question du chômage ne se pose même pas, faute d’activités industrielles ou autres. Cette misère n’aurait-elle pas dès lors d’autres causes qu’économiques ? l’absence du minimum de ressources qu’elle traduit ne résulterait-elle pas plus simplement d’une prolifération livrée à elle-même, d’autant plus monstrueuse qu’elle y condamne la progéniture de ceux qui en sont issus ?
    Pour comprendre, plutôt que de considérer courbes et tableaux de chiffres, la pyramide – ce volume que les anciens, qui étaient peut-être meilleurs observateurs que nous, ont pu déjà considérer comme représentatif de tous types d’organisation hiérarchisés – peut nous aider. Appliquons-en la structure, avec sa base et son sommet, à l’ensemble des hommes peuplant la planète. Une telle pyramide sociale ou des richesses matérielles, puisque là est désormais l’aune à laquelle se mesure le bonheur des hommes, avec l’opulence à son sommet et la misère à sa base, met bien en évidence le rôle de la démographie dans nos rapports sociaux, actuels comme prévisibles.
    Dès lors que cette pyramide croît en volume, ce qui est le cas du simple fait de l’augmentation constante de la population, sa base se développe, proportionnellement, toujours davantage que son sommet, alors que se livre à tous ses niveaux une lutte ininterrompue pour la conquête d’au moins une part des richesses accaparées par les occupants des étages supérieurs, ou leur illusoire partage. Il s’agit pour chacun de se hisser aussi peu que ce soit vers le haut, en dépit du poids qui l’écrase. À noter au passage le confort bien relatif de ceux qui occupent une situation médiane, comprimés entre la poussée venant du bas et le poids qui les domine.
    Parfois, une secousse est provoquée par une base insurgée ; c’est la révolution. Celle-ci peut entraîner quelques changements pour les mieux nantis, aussi bien que des bouleversements profonds, touchant toutes les étages de la pyramide sociale, mais quelle que soit la nature de ces bouleversement, qu’ils soient d’origine politique, sociale, financière, religieuse, philosophique, etc, la pyramide n’abdique en rien son rôle représentatif et s’applique comme si de rien n’était au nouvel état de choses avec toujours un sommet et une bases. La structure d’ensemble de la société née de la dernière révolution reste immuablement représentée de la même façon, avec les plus riches et plus puissants au sommet et les autres s’entassant, toujours plus nombreux, à la base. Après toutes les mutations qu’a pu connaître la société des hommes depuis ses origines, et à travers toutes les formes de civilisation qu’elle a pu traverser et connaître au cours des millénaires, en 2011, sur 7 milliards d’êtres humains, cette base en compte 3 qui vivent avec moins de deux dollars par jour – l’un d’entre eux mourant de faim toutes les 3 secondes –, alors qu’au sommet logent les 500 personnes les plus riches et les plus puissantes du monde. Or chaque jour voit croître la population mondiale de plus de 220 000 individus, chacun allant se ranger à la place que lui assigne le sort dans une pyramide qui s’atrophie d’autant. Hormis les arguments sans plus de fins que d’efficacité de ceux qui promettent aussi bien le prochain arrêt de la progression qu’une explosion, le constat est ce qu’il est, et puisqu’il nous semble interdit d’envisager une autre structure que pyramidale, des questions se posent, appelant des réponses chaque jour plus urgentes :
    – Jusqu’à quel point se développera cette pyramide et s’atrophiera sa base ? En d’autres termes, par quels moyens le cours des choses est-il susceptible de changer ? Une façon existe-t-elle, autre que vainement utopique, d’irriguer cette base des richesses du sommet qui la domine ? . Par la révolution ? Quelles que soient leurs raisons, leur ampleur et leur violence, les révolutions n’ont jamais rien changé à la structure pyramidale de la société, en dépit de ceux qui s’obstinent à nier son caractère représentatif du monde dans lequel nous vivons, refusent d’en reconnaître le caractère incontournable, ou veulent la contraindre à une platitude aussi égalitaire qu’utopique, quand ils ne prétendent pas la faire reposer sur sa pointe.
    . Par la fraternité ? Il suffit d’en considérer les acquis au cours de l’histoire et spécialement durant le siècle écoulé, pour se faire une idée de ce qu’il y a lieu d’en attendre.
    . Par le progrès scientifique et technique ? Il n’est qu’un outil aux mains des hommes, qui en font ce qui motive l’observation du point précédent. Quel que soit le régime en vigueur : politique, financier, intellectuel, … Ce serait la négation même de l’incontournable rapport entre sa base et son sommet qui serait aboli. Il est bien entendu toujours possible de rêver, mais il en est ainsi et il paraît aussi improbable que la pyramide puisse un jour sortir de notre univers, et du champ des perceptions qu’elle nous impose.que d’arrêter le mouvement des astres et l’alternance du jour et de la nuit.
    En tout état de cause, concernant la pyramide sociale, en attendant le partage auquel seuls les saints consentent, l’individu est condamné à la simple prise de conscience et au mieux à des vœux ou à des gestes sans grande portée réformatrice. C’est donc à l’élite et en particulier aux politiques, dont le rôle est de prévoir, de s’en préoccuper. Après avoir pris eux-mêmes la mesure d’une situation aux conséquences aussi désastreuses que prévisibles, il est de leur responsabilité d’identifier nos vrais problèmes de société et de leur affecter un ordre de priorité. Or qui se soucie réellement de démographie, au-delà du constat de sa progression, dans le meilleur des cas ? Pourtant le développement durable et le respect de la planète qui en est la condition première, ne sont que de vœux pieux, en l’absence de sa prise en compte.
    Si rien n’est fait pour ramener la population du globe à un niveau maîtrisable, dans les meilleurs délais et conditions possibles, l’humanité ne fera qu’accroître ses maux jusqu’au pire. Prendre conscience d’une évidence aussi criante, le plus largement et le plus rapidement possible ne peut plus suffire. Le pragmatisme dicte de procéder d’urgence à un investissement massif en vue de réguler le niveau de la population mondiale et de cesser de s’en remettre aussi stupidement qu’hypocritement à la providence quand ce n’est pas aux saignées aussi barbares que passagères opérées ici et là par les guerres, les famines et la maladie.
    Alors que chaque pays en est encore à ergoter sur son cas particulier, en cherchant à concilier taux de natalité et âge de cessation d’activité solvable, le problème de la pauvreté est mondial et tend chaque jour davantage à s’imposer comme tel. Rien d’utile ne pourra se faire autrement qu’à cette échelle et par la démographie, sans s’arrêter aux considérations d’ordre idéologique, religieux, etc. qui ne manqueront pas d’y faire obstacle.
    Les tenants d’une croissance démographique dont les conséquences sont laissées au secours de la providence se sont-ils jamais demandé où vont se loger, dans la pyramide sociale, les dizaines de millions d’individus qui viennent chaque année augmenter la population mondiale ? ils doivent être conscients qu’ils vont à la place que leur assigne leur appartenance à l’une ou l’autre des catégories qui peuplent cette même pyramide, avec une probabilité d’échouer à sa base – c’est -à-dire de rejoindre les miséreux –, proportionnelle à la place que ceux-ci y occupent déjà.
    Quant à secouer sous le nez de ceux qui s’en plaindraient le hochet de la promotion sociale, selon lequel chacun a ses chances d’échapper à son sort, il en est comme de leurs chances de remporter le prochain loto, à la différence près qu’il ne s’agit pas ici d’un jeu mais d’un drame. Un drame qui nous concerne tous et encore davantage nos propres enfants. Que ces généreux irresponsables aillent donc en parler aux cohortes d’affamées qui peuplent tant d’endroits de notre planète et la submergeront bientôt, poussées par leur simple instinct de survie, si leur nombre et leur proportion continuent de croître.

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