Au bout du compte…

Notre première année professionnelle se termine (dans deux mois quand même…) et vient l’heure des premiers bilans.

Est ce que le jeu en valait la chandelle ?

Souvent mes amis me disent lorsque je leur décrit mes péripéties d’enseignant : “tu es sûr que tu aimes ce que tu fais ???“.

A chaque fois je me dis que je dois renvoyer une image bien amère de mon métier. On a malheureusement tendance à toujours voir le négatif. Et il y en a beaucoup pour un prof.

Pourtant je suis dans un endroit tranquille. Mais souvent je voudrais juste “enseigner” et pas faire de l’éducation. Je transmets un savoir je ne suis pas là pour élever les gosses des autres, j’ai déjà les miens merci. Pourtant je l’ai voulu ce concours. Trois tentatives. Des centaines de kilomètres à travers la France, des nuits d’hôtel à réviser pour un oral. La déception par deux fois de voir le travail de toute une année s’évanouir à cause d’un jury mal embouché. Puis il a fallu subir l’IUFM et son cortège d’heures perdues (qui ne se rattrapent pas…) et le stress d’être stagiaire. So, was it all worth it ?

Aujourd’hui je suis incapable de donner une réponse. Suis-je seulement attiré par une stabilité matérielle (le sourire de soulagement de mon banquier quand je lui indique ma profession… ^_^). Non bien sûr – j’ai beaucoup de plaisir à enseigner. Tout d’abord parce que j’ai une passion pour la langue Anglaise. Et puis j’aime bien les jeunes. Cette première année m’a amené quelques bonnes surprises et petits bonheurs. Mais pour combien de temps ? Quand je vois certains collègues qui sont là depuis 30 ans … Je suis perplexe sur mes capacités… Enfin comme disait l’autre :

“Jusqu’ici tout va bien….jusqu’ici tout va bien…”

Rendez vous dans 10 ans ?

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11 pensées sur “Au bout du compte…”

  1. Ah Ben, je crois qu’on s’est tous posé cette question au moins une fois dans l’année ! Je pense qu’on s’est pas mal débrouillé l’année dernière en tant que stagiaire (il faut dire aussi que notre petit groupe de mousquetaires nous a aidé à combattre l’ennui de certains cours IUFM ! ;-)) et cette année, on s’attache surtout à bâtir notre réputation. Normalement cela se passe mieux les années suivantes (hope so !).

    M’est avis que le fait d’appeler notre ministère “Education Nationale” y est pour beaucoup sur le fait d’avoir à éduquer au sens large, impiétant sur les plate-bandes des parents. Quelque chose comme “Instruction Nationale” serait peut-être plus approprié ?

    40 ans du même métier, c’est encore possible mais cela dépend vraiment où l’on enseigne.

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  2. De mon côté, je suis toujours contente d’avoir choisi ce métier, même si ce que je fais me paraît absurde par moment. Une chose me rassure, ce que nous entendions à longueur de temps l’année dernière: “de toute façon, avec l’expérience, vous y arriverez”, et c’est déjà plus facile en fin d’année qu’en septembre, même si les élèves sont toujours aussi difficiles, donc je me dis que l’année prochaine, ça ira encore mieux (du moins, je veux y croire). Une autre chose me permet de relativiser: l’espoir passer en lycée.
    Mais j’avoue que ça me saoûle de devoir éduquer les élèves. Il faut que les parents prennent leurs responsabilités!

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  3. Ce qu’il y a de bien, c’est que mine de rien on progresse avec le temps. On devient plus efficace. On peut quasiment dire de suite si une activité va marcher ou pas en ouvrant un bouquin. Et on acquiert des automatismes. Beaucoup en fait !

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  4. Euh….. J’en suis pas là. Même activité pour deux classes différentes, même profile:
    > adhésion totale de la première classe
    > bide complet pour le deuxième groupe!

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  5. Ah oui, ça c’est variable : le même cours avec 13 élèves ou 24 par exemple, ce n’est pas vraiment possible – il faut s’adapter (et trouver les exemples qui leur parlent vraiment, je crois que c’est primordial). Par contre j’ai des trucs qui marchent du tonnerre pour tous mes niveaux, par exemple dessiner une paire de lunettes pour expliquer Be + ING. Ils adorent.

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  6. Salut

    Je vous remercie pour ces pensées de profs, et je le dis sans rire (c’est triste de devoir le préciser mais bon le climat est tel qu’il est).

    Vu que j’ai à faire à des profs qui peut être sont de courants différents (je n’en n’ai qu’un dans mon entourage) j’aimerais que vous me disiez ce que vous pensez de la carte scolaire et des programmes qui sont sensés être uniformes dans toutes les écoles?
    Je ne parle pas de politique là dedans, mais de réalité.

    Je vous pose ces questions car moi même j’ai du mal à me situer là dessus (le théorique, le réel. La philo de la loi et son réel impact dans la réalité. Faut il “attirer” l’éleve par tels ou tels sujets pour essayer de le faire adhérer à la suite du cours?)
    Finalement tout celà n’est il pas une question de bon ou de mauvais prof (tels que percus par les élèves)?

    Je sais que les questions semblent très différentes, mais à mon avis sont liées.
    J’ai bien sûr a ma petite expérience en tant qu’élève et qui est non représentative.
    Et votre avis de pro sur ces sujets m’interesse.

    Merci

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  7. Salut Angus,

    A mon avis, la carte scolaire n’a que des inconvénients – son but premier était de construire de la mixité sociale (les gens vivant dans une zone donnée devant aller au collège/lycée dans cette zone) mais les dérives sont vite apparues : les quartiers populaires ont formé des ZEP et ceux qui avaient les moyens de vivre dans des quartiers chics sont allés dans les lycées chics. Mixité très relative donc.

    Notons que c’est la même chose pour les profs : lorsqu’un prof est victime d’une carte scolaire, il reste dans la zone de son ancien établissement. En gros, si tu était en ZEP, tu as de fortes chances d’y rester à l’affectation suivante.

    Pour l’adhésion au cours, il me semble essentiel de coller à des sujets susceptibles de gagner l’intérêt des élèves, tout en évitant la “prostitution”. On peut faire le programme à son rythme mais en ajoutant des élèments qui leur parlent : faire quelques sessions sur Prison Break marche beaucoup mieux que la vie des Amish au XIXè… (je dis cela parce que j’ai une collègue qui fait ça avec ses élèves et cela m’effraie un peu !).

    Bons profs, mauvais profs… cela dépend du prof mais aussi du groupe-classe. Tu peux être un super prof et avoir une classe complètement démotivée ou alors une autre qui boit tes paroles. C’est vraiment variable et plutôt du côté de la classe à mon avis. Après c’est au prof de trouver le petit truc pour motiver ses élèves (pas toujours facile, cela dépend de leur état d’esprit).

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  8. Merci pour ta réponse matt.

    Je suis d’accord avec toi concernant la carte scolaire.

    Parlant de mon propre cas, tout ceci à fait que mes parents se sont saignés pour me payer une école privée alors que sans carte scolaire “bonne” école public et basta.

    Je crois que tu as raison par rapport au contenu. Perso, je suis devenue très opérationnelle en anglais grace à une prof qui nous avait entrainés sur des pistes ludiques telles que des chansons… (dans un 1er temps pour attirer le chaland je dirais à postériori) avant de rentrer dans le fond de la langue.
    Aussi je trouverais normal que l’on attaque tel ou tel sujet d’une manière différente selon le public à qui l’on s’adresse.

    Mais est-ce permis par les rectorats?
    Les profs, j’en ai eu des très bons (Histoire et Anglais), des passionnés et ca fait plaisir.

    Des mauvais? Non. Des aigris ou fatigués peut être. Cela doit être dur de trouver le truc ou en cas plus difficile de ce dire que “cette année ca va le faire”.
    +

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  9. Oui, rien n’est jamais joué d’avance et notre public jamais acquis ;-)

    Tu peux mener ton programme comme tu l’entends mais il y a une certaine démarche à appliquer (je pense aux langues surtout : la compréhension précède toujours la production). Avec suffisamment de motivation, on peut tout faire.

    Et, règle d’or : sans motivation, pas d’apprentissage !

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