Conçue par Diane et Jean-Jacques Launier comme une exploration picturale et commentée de l’œuvre de Tolkien et de l’origine des légendes médiévales, l’exposition présente plus de 250 dessins et peintures de John Howe au Fond Hélène et Edouard Leclerc pour la Culture à Landerneau.
Artiste de renommée internationale, John Howe a d’abord illustré les romans de Tolkien, avant de participer à la direction artistique des deux trilogies cinématographiques Le Seigneur des Anneaux, et Le Hobbit aux côtés du réalisateur Peter Jackson. Plus récemment, il a également pris part à la création artistique de la série Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir.
L’évocation des influences poétiques et mythologiques ancestrales permet de percevoir à quel point la richesse de l’œuvre romanesque de Tolkien et de l’imaginaire médiéval puisent leurs sources dans la résonance de ces temps lointains. L’exposition est complétée par d’authentiques objets d’époque médiévale (armure, épées…) et ponctuée d’œuvres contemporaines de Tolkien.
John Howe sur les traces de Tolkien
John Howe rencontre l’œuvre de Tolkien à l’adolescence, tout d’abord en lisant Le Seigneur des anneaux, puis en découvrant les calendriers illustrés par différents artistes. Il dessine alors lui aussi chaque mois le thème proposé par le calendrier.
Quelques années plus tard, il quitte le Canada et part étudier dans le lycée américain de Strasbourg pour ensuite poursuivre sa scolarité à l’école des Arts Décoratifs de la ville. Il se nourrit de la culture européenne, très différente de ce qu’il connaît au Canada, notamment en termes d’histoire et d’architecture.
Sa visite du château du Haut-Koenigsbourg le marque. Il découvre par ailleurs que ce château en ruine depuis le XVIIe siècle a été totalement reconstruit au XXe siècle dans un style fantasmé du XIIe siècle.
La cathédrale de Strasbourg est également un élément essentiel de la construction de son imaginaire médiéval.

Pour illustrer les œuvres de Tolkien, John Howe a étudié en profondeur l’univers de l’auteur et pris des notes très précises, s’assurant ainsi que ses illustrations soient fidèles à l’esprit de l’œuvre. Il s’inspire ensuite des lieux qui ont nourri Tolkien pour l’écriture de ses livres, comme la Suisse, où il réside et où Tolkien a séjourné l’été de ses 19 ans. Il recherche également des lieux plus intimistes où il peut se retrouver seul face à la beauté de la nature.
Tout comme Tolkien, John Howe s’intéresse également à William Morris : il est séduit par son art, mais surtout par sa philosophie de vie et son rapport contemplatif à la nature.
Passionné de reconstitution historique et plus précisément de l’époque médiévale, John Howe collectionne des objets en lien avec ce thème : armures, armes… Ces objets lui sont précieux pour enrichir son imaginaire mais surtout pour lui permettre de rendre crédibles ses idées. Il est également fasciné par les mythes et légendes des cultures du monde entier qui inspirent ses dessins depuis si longtemps.
Grâce à ses nombreuses illustrations de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, le réalisateur américain Peter Jackson fait appel à lui pour être directeur artistique de la trilogie Le Seigneur des anneaux, puis Le Hobbit, aux côtés de son collègue Alan Lee. Il a récemment collaboré avec les réalisateurs de la série Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoirs.
Pour mener à bien ces différentes missions, John Howe s’installe en Nouvelle-Zélande et est fortement influencé par les paysages sauvages de l’île pour imaginer les décors de cinéma.
L’imaginaire médiéval
L’esprit chevaleresque, les compagnons d’aventures, les créatures féeriques, les enchanteurs, ou encore les dragons peuplent les récits des contes et légendes qui forgent “l’imaginaire médiéval”. Cet univers fantastique a constitué à travers le temps une source d’inspiration pour les peintres, les romanciers, les compositeurs et s’impose de nos jours sur les grands et petits écrans, dans les bandes dessinées ou les jeux vidéo.
Certaines de ces légendes, à l’instar de celle du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, s’ancrent si intensément dans notre culture populaire que nombreux sont ceux qui les croient véridiques. L’imaginaire médiéval trouve ses racines chez les poètes et conteurs du Moyen Âge, mais les origines de la plupart de ces mythes ancestraux proviennent d’une tradition orale venue du fond des âges.

Je suis un hobbit !
C’est en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud, que naît John Ronald Reuel. Sa famille, originaire d’Angleterre, s’y est installée pour suivre le père, promu directeur de banque. Sa mère, Mabel, ne supporte toutefois guère le climat et retourne au pays, mais la maladie emporte son mari avant qu’il ne puisse rejoindre sa famille. Tolkien est alors âgé de quatre ans. Mabel élève et éduque seule ses deux enfants. Elle transmet notamment à J.R.R. le goût du dessin et de l’aquarelle, mais elle disparaît prématurément à son tour. À douze ans, Tolkien est placé en foyer d’accueil avec son frère, sous l’égide du père Francis, qui exercera sur lui une grande influence spirituelle.
Il y rencontre la jeune orpheline Edith Bratt, et les deux adolescents ne tardent pas à tomber amoureux l’un de l’autre. Le père Francis, farouchement opposé à cette romance, ne fera qu’embraser leur passion longtemps contrariée, ce qui exaltera ainsi l’esprit romanesque et romantique de Tolkien, qui a trouvé en Edith à la fois la muse et l’amour de sa vie. Elle lui inspirera notamment les aventures périlleuses de l’humain Beren pour gagner l’amour de la princesse elfe Lúthien, évoquées dans Le Silmarillion, et dont l’ouvrage complet sera publié par Christopher Tolkien à partir des notes manuscrites de son père, en 2017.

Ça existe vraiment !
Le dessin constituant la principale occupation de sa jeunesse, John Howe postule à dix-neuf ans pour entrer à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg. Son arrivée dans la ville alsacienne constitue une véritable révélation, lorsqu’il découvre l’impressionnante architecture de la cathédrale de Strasbourg. « Ça existe vraiment! » s’exclame-t-il alors. « J’ai découvert pour la première fois l’architecture gothique en France, explique John Howe, le Canada est un pays jeune, en particulier l’ouest du Canada, par conséquent ma connaissance de l’histoire de l’architecture, sans être totalement absente, restait théorique et issue des livres. Contempler réellement une cathédrale constitua un immense choc culturel. Cela m’a sans aucun doute ouvert les yeux, et depuis lors, je me suis efforcé de les garder ouverts. »

Les racines de l’imaginaire médiéval
Si les épopées, la magie, les créatures merveilleuses ou démoniaques peuplent l’imaginaire médiéval, elles accompagnent depuis toujours les récits des humains et intègrent toutes les mythologies du monde. Parmi les textes fondamentaux de l’imaginaire médiéval, Beowulf, poème épique de plus de trois mille vers, s’impose comme une œuvre majeure de la littérature anglo-saxonne. Composé aux environs de l’an 750, ce récit héroïque s’inspire d’une antique légende scandinave.
Transmis par un manuscrit du Xe siècle, l’exemplaire unique sur parchemin fut partiellement endommagé par l’incendie qui ravagea la bibliothèque de Sir Robert Bruce Cotton, son possesseur au XVIIe siècle. Beowulf exercera une influence remarquable sur l’inspiration romanesque de Tolkien, autant que sur sa vie d’universitaire. Le professeur s’attellera a une traduction et donnera des conférences qui connaitront une consécration en 1936, par la lecture de son exposé “Beowulf: les monstres et les critiques” devant la British Academy. Passionné par le lyrisme épique de Beowulf, Tolkien déclarera: “Ce poème se rapproche de la peinture”.

Je me sens comme un survivant
À 24 ans, Tolkien doit rejoindre les combats de la première guerre mondiale. Il se retrouve sur le front en juin 1916, au moment où se déclenche la longue et terrible bataille de la Somme, l’une des plus meurtrières de l’histoire, qui fit près de vingt mille victimes chez les soldats anglais dès le premier jour. L’ami d’enfance de Tolkien, Rob Gilson, en fait partie. Il attrape en octobre la fièvre des tranchées et doit être hospitalisé à Birmingham. N’étant plus en état de revenir sur le front, il utilise sa convalescence pour se plonger dans l’écriture, s’attelant notamment aux lexiques des langues qu’il invente, comme le qenya ou le goldorin.
À son retour en Angleterre,Tolkien est un « revenant », profondément meurtri par l’expérience de la guerre. Il a perdu au combat ses trois meilleurs amis et trouve refuge dans l’imaginaire, ressortant notamment ses notes gribouillées dans l’obscurité des tranchées, peuplées de créatures fantastiques et légendaires.

La nature joue le rôle principal
À travers les batailles épiques sur la Terre du Milieu, la trilogie du Seigneur des Anneaux ébauche une prise de conscience écologique, générée sans doute par les découvertes des scientifiques de l’époque, dans le sillage du révolutionnaire ouvrage sur L’Origine des espèces du naturaliste Charles Darwin (1859). À l’université d’Oxford, Tolkien fait la connaissance du professeur de botanique Sir Arthur George Tansley, qui a popularisé le terme “écologie” en participant notamment à la fondation de la British Ecological Society en 1913 et à la publication du Journal of Ecology pendant de nombreuses années.
Amoureux de la nature depuis son enfance, Tolkien suivra attentivement les travaux de Tansley, dont l’ouvrage Les Îles Britanniques et leur végétation constituera une source d’inspiration. On compte, en effet, pas moins de soixante-quatre espèces différentes de plantes sauvages dans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux.
Les arbres sont des êtres vivants, pleins de majesté et leur structure ramifiée évoque pour moi la façon dont se construisent les langues, mais aussi les mythes et les contes, ce que l’esprit humain a su produire de plus noble.
J.R.R. Tolkien

La clef de la Terre du Milieu
L’immensité des mondes décrits par Tolkien semble avoir pour origine un seul mot : Eärendil ! En 1913, récemment affecté à l’école anglaise d’Oxford, Tolkien découvre, parmi les textes du programme de l’année, un poème du VIIIe siècle: le Crist de Cynewulf. Cynewulf fait partie des rares poètes de la période anglo-saxonne dont on connaît le nom transcrit dans certains de ses poèmes à l’aide de runes. La lecture de ces vers bouleverse soudain Tolkien: “Je vous salue, Éarendel, le plus radieux des anges, envoyé parmi les hommes sur la terre du milieu !”
Fasciné par ces mots qui déclenchent en lui une imagination infinie, Tolkien rédige en hommage à Cynewulf le poème Le Voyage d’Eärendil. Il pose ainsi la première pierre de son grand œuvre. Eärendil deviendra le premier personnage imaginé par Tolkien dans la rédaction de sa mythologie.

Dessiner les cités et les châteaux
“Tolkien écrit en images, il n’écrit pas vraiment avec des mots, et il n’existe que peu d’auteurs capables d’évoquer des images avec autant de force. Cela constitue un défi à reproduire sur une toile, car ce que l’auteur n’écrit pas s’avère aussi important que ce qu’il indique. Les sources de Tolkien ont été largement documentées et analysées. Je possède une étagère pleine de livres, non pas de Tolkien, mais sur son travail, et je les trouve particulièrement instructifs.
Je n’ai pas de formation d’architecte, mais cela me passionne. J’agis comme un architecte imaginaire au sein de ces univers fantastiques, dans lesquels chaque objet et chaque bâtiment constituent une opportunité supplémentaire de bâtir et de consolider les fondations du monde fictif que vous créez.
J’ai une approche que j’appelle “piétonne” de tout cela : j’aime commencer par une vue large à une distance raisonnable pour pouvoir me faire une impression, puis je m’avance un peu plus et dessine ce que je vois. Ensuite, je marche de plus en plus près et finis par me retrouver à l’intérieur de la ville pour regarder tous les détails. Tout à fait de la même manière que j’aime découvrir et visiter une nouvelle ville, et cela me semble être une façon logique d’aborder la chose.”
John Howe

Dragons et créatures
Décrits comme des serpents volants par les Grecs antiques et les Sumériens, représentés sur la tombe chinoise d’un site néolithique datant de plusieurs milliers d’années, les dragons ornent également les étendards assyriens, parthes, scythes, romains, bretons et, bien sûr, les drakkars des Vikings, dont ils sont l’emblème.
Le dragon se dresse, fatal adversaire du héros de l’ancestral poème épique Beowulf. Il constitue en cela l’une des toutes premières apparitions de dragon dans la littérature européenne. Omniprésent au Moyen Âge, le dragon est représenté sur les blasons, les boucliers, les miniatures, les sculptures et symbolise le démon ultime s’opposant au bien et affrontant les saints, comme dans le combat mythique de la légende de Saint Georges et le dragon. Dans les légendes arthuriennes, afin d’intimider ses ennemis, Uther, le père du roi Arthur, se fera appeler Pendragon, titre honorifique signifiant « Tête de dragon ».

Forger les légendes
Lorsque John Howe dessine Andúril, la « Flamme de l’Ouest », l’épée d’Aragorn, reforgée par les elfes pour affronter les armées du Mordor, il lui confère une allure digne de celle d’un roi, en évitant toutefois de la surcharger d’ornements superflus. Il utilise pour cela sa parfaite connaissance du maniement des armes médiévales afin d’imaginer une épée de monarque légendaire qui conserve l’aspect d’une arme, épurée, maniable et crédible.
Pour apprendre à manier une épée, revêtir une armure et combattre ainsi équipé, John Howe a régulièrement participé à de rigoureuses reconstitutions, passant parfois un week-end entier au sein d’un camp médiéval en compagnie de passionnés d’histoire. Cette implication personnelle lui a permis de se familiariser avec les rouages et les jointures d’une armure, d’en observer et d’en percevoir les aspects protecteurs, les contraintes de mobilité et de poids, afin de dessiner et de peindre les chevaliers avec un rigoureux souci d’authenticité.
Adaptation au cinéma
À la demande du réalisateur Peter Jackson, John Howe passe huit ans en Nouvelle-Zélande pour participer à la création artistique de la trilogie cinématographique du Seigneur des anneaux, puis à celle du Hobbit. Si de très nombreux dessins préparatoires sont réalisés avant le tournage, l’artiste exécute sur place plusieurs milliers de croquis, intervenant même parfois en urgence pour crayonner la partie complémentaire d’un décor ou d’une armure, nécessaire à l’équipe du film pour sa fabrication et son intégration dans une scène.
Cette expérience cinématographique se révèle enthousiasmante pour l’artiste, qui voit une partie de ses dessins prendre forme, puis prendre vie. La nécessité de réaliser un dessin avec une extrême rapidité, puis d’en modifier instantanément la gamme de couleurs ou de lumières, conduit John Howe à utiliser le numérique en complément de ses carnets de croquis traditionnels.

Les Anneaux de Pouvoir
John Howe a réalisé plus de 1 500 dessins pour contribuer à définir la direction artistique de la récente série, qui met en scène les légendes héroïques du Second Âge de l’histoire de la Terre du Milieu. Cette épopée se déroule des milliers d’années avant les récits du Hobbit et du Seigneur des anneaux. Les anneaux de pouvoir apparaissent dès le premier tome du Seigneur des anneaux. Gandalf les évoque devant le hobbit Frodon Sacquet dans un poème ancestral connu des elfes de la Terre du Milieu. Les anneaux de pouvoir sont également présents dans deux ouvrages posthumes de Tolkien, publiés par son fils Christopher en 1977 et 1980 : Le Silmarillion, et Contes et légendes inachevés.
Afin de conférer à la série un souffle novateur, John Howe s’est éloigné du style de ses précédentes œuvres, réalisées pour les livres et pour le cinéma. Tout en donnant vie à des créatures parfois peu décrites dans l’œuvre littéraire, il est parvenu à conférer à l’univers de la série un style inédit à travers ses dessins, dont une sélection a été exposée à Landerneau en 2024 pour la toute première fois.

La fantasy
« Fantasy » est un terme anglais qui signifie « imagination » et qui n’a rien à voir avec le mot français « fantaisie ». C’est un genre littéraire contemporain qui puise ses sources dans le conte, les mythologies et les textes médiévaux du monde entier. Ces récits millénaires, transmis oralement de génération en génération, se fixent petit à petit dans les mémoires du Moyen Âge, lorsque les moines les inscrivent sur des manuscrits et les façonnent avec les codes de leur époque.
Il est possible de considérer l’Illiade et l’Odyssée d’Homère comme le premier recueil d’œuvres (connues) de fantasy dans lequel les héros sont confrontés à de nombreuses épreuves auxquelles les dieux ne sont pas étrangers. Au Moyen Âge, les poètes ont aussi écrit des histoires épiques et fantastiques comme Beowulf et le cycle arthurien qui mettent en scène des héros courageux, des dragons, de la magie.
Les auteurs construisent des univers avec une géographie, une histoire, des légendes, une culture. C’est un moyen d’offrir aux lecteurs une évasion, une infinité de possibles. La magie est un élément important de ces récits : les fées, les mages, les monstres, sont dotés de pouvoirs qui permettent de faire le bien ou le mal. Ces fictions transportent les
lecteurs dans des mondes imaginaires, remplis de créatures inconnues et de personnages héroïques. Les auteurs de fantasy explorent le plus souvent les thèmes de la quête, du voyage initiatique et de la lutte entre le bien et le mal.
William Morris, écrivain et artiste du XIXe siècle, est considéré comme le père de la fantasy moderne ayant contribué d’une manière significative à la création de ce genre. Son premier roman The wood beyond the world de 1894, puis son roman épique The well at the world’s end, de 1896, ont exercé une grande influence sur J.R. R.Tolkien, C. S. Lewis, Les Chroniques de Narnia et bien d’autres.
Aujourd’hui, la fantasy est devenue un genre littéraire florissant. Des auteurs comme George R. R. Martin, Le trône de fer, J. K. Rowling, Harry Potter, Robin Hobb, L’Assassin Royal, ou la française Christelle Dabos, La Passe-miroir, créent des mondes uniques, mêlant fantastique, magie, quêtes… et captivent des lecteurs de tous âges. Littérature, films, séries télévisées et jeux vidéo ont contribué à populariser le genre, faisant aujourd’hui de la fantasy l’une des formes de fiction les plus appréciées de la culture populaire.
Moyen Âge imaginé et imaginaire médiéval
Le Moyen Âge imaginé, ou l’imaginaire médiéval, fait partie de ce que l’on peut appeler le médiévalisme, c’est-à-dire l’ensemble des représentations souvent idéalisées et romantiques du Moyen Âge. Ce mouvement nait au XIXe siècle, à une époque où les sociétés européennes cherchent à se reconnecter avec leur patrimoine culturel et historique. Et c’est bien ce que J. R. R.Tolkien fait dans ses récits ! Son souhait était d’enrichir la culture britannique presque totalement dépourvue de textes mythologiques, les contes et légendes anglo-saxons ayant surtout été transmis
oralement.
La tendance de l’époque Victorienne (XIXe siècle) consiste à rejeter les traditions orales et à les considérer comme étant moins valables que la littérature écrite. Cette attitude a contribué à marginaliser la mythologie britannique et à la qualifier de moindre, comparée aux autres traditions mythologiques s’appuyant, elles, sur de solides recueils écrits au fil des siècles.
Cette représentation idéalisée est utilisée en littérature, dans l’art et dans l’architecture (avec le néo-gothique notamment, visant à faire revivre des formes médiévales passées dans l’architecture du XVIIIe siècle). Cependant, cette vision du Moyen Âge s’appuie souvent sur des inexactitudes historiques. En effet, l’imaginaire médiéval s’attarde plutôt à valoriser les aspects les plus romanesques de cette époque, qui s’étend sur plus de 1000 ans : les chevaliers, les châteaux, la vie à la cour, les fêtes médiévales…De plus, elle contribue à perpétuer des stéréotypes et des préjugés.
L’imaginaire médiéval est un univers complexe et varié, imprégné de croyances religieuses et de mythes, où se mêlent la réalité et la fiction. Il est caractérisé par une vision du monde teintée de mysticisme, de magie et de superstition. Les romans de chevalerie, tels que ceux de Chrétien de Troyes, sont emblématiques de cette vision. Cet imaginaire est également marqué par une fascination pour le monde naturel. Les animaux, les plantes et les paysages ont une signification symbolique et sont souvent utilisés pour représenter des concepts abstraits. Enfin, l’imaginaire médiéval est riche en créatures fantastiques telles que les dragons, les licornes, les griffons ou les sirènes. Ces créatures, associées à des légendes et des récits populaires, sont devenues des symboles de l’imaginaire médiéval.
Les mouvements artistiques des Préraphaélites et de l’Arts and Crafts se sont eux aussi inspirés du Moyen Âge. Pour la confrérie des préraphaélites, il fallait renier les artistes de la Renaissance italienne, au style trop académique. Ils ont représenté des scènes littéraires de l’époque médiévale ou des récits mythologiques dans des compositions très romantiques et idéalisées, où la nature est omniprésente.
Les artistes-artisans de l’Arts and Crafts quant à eux ont cherché à remettre l’artisanat au cœur de la vie quotidienne, comme c’était le cas au Moyen Âge. Ils ont aussi repris les techniques artisanales traditionnelles utilisées à cette époque, telles que la gravure sur bois,la tapisserie et la poterie.
Histoire de l’art
Le mouvement Arts and Crafts
En français « Arts et Artisanats ». C’est un style artistique britannique qui s’est développé au Royaume-Uni entre 1860 et 1910. Ce mouvement cherchait à promouvoir la valeur du travail manuel et la qualité artisanale dans la production d’objets d’art et de design.
Les partisans de l’Arts and Crafts ont rejeté la production industrielle et en série, préférant les techniques traditionnelles et les matériaux naturels. Ils ont également encouragé l’utilisation de motifs inspirés de la nature et du Moyen Âge dans leurs designs. Ce mouvement a été porté par des artistes-artisans comme William Morris, John Ruskin, Edward Burne-Jones…
Les Préraphaélites
La confrérie des préraphaélites a été fondée en 1848 par un groupe d’artistes britanniques : Dante Gabriel Rossetti,
John Everett Millais et William Holman Hunt. Ils cherchaient à retrouver l’esthétique et la simplicité de l’art du Moyen Âge, avant l’influence du peintre Raphaël et de la Renaissance italienne.
Les préraphaélites ont été particulièrement intéressés par la nature et la beauté idéalisée. Ils ont produit des peintures, des illustrations, des poèmes et des meubles inspirés de l’époque médiévale.
William Morris
William Morris (1834-1896) est un artiste, écrivain, poète et militant politique britannique connu pour ses contributions au mouvement Arts and Crafts. Il a cofondé la société Morris, Marshall, Faulkner & Co. en 1861, qui a produit des meubles et des articles de décoration d’intérieur de haute qualité. Il est considéré comme l’inventeur de la fantasy moderne.
Les Arts ludiques
Les “Arts ludiques”, que l’on peut assimiler au terme anglais « Entertainment Art », sont un mouvement d’art contemporain issu de différentes formes du divertissement, tels que les films, les jeux vidéo, les bandes dessinées, les dessins animés. Son principal théoricien français est Jean-Jacques Launier, par ailleurs fondateur d’Art Ludique – Le Musée qui a ouvert ses portes en 2013.
Littérature
Les sources d’inspirations de Tolkien et John Howe
Beowulf
Beowulf est un poème épique en vieil anglais où le héros éponyme aide le roi Hrothgar à vaincre un guerrier géant nommé Grendel et sa mère. Des années plus tard, Beowulf tue un dragon mais meurt de ses blessures.
La légende du Roi Arthur
La légende du roi Arthur est une histoire qui se déroule au Moyen Âge et qui raconte l’histoire d’un roi sage et juste,
Arthur, qui a uni la Grande-Bretagne et a créé la chevalerie. Il est associé aux chevaliers de la Table ronde qui se sont engagés à lui être fidèle et le protéger. Il est aussi lié à Merlin, qui l’a enlevé à sa naissance puis élevé loin du monde dans l’ignorance de son ascendance royale.
L’Edda poétique
L’Edda poétique est une collection de poèmes scandinaves anciens qui ont été transmis oralement avant d’être écrits, en vieux norrois, au XIIIe siècle. Ils retracent l’histoire de la mythologie nordique. Le plus célèbre de ces poèmes est le Poème de l’Edda, qui raconte l’histoire de la création du monde et la fin des temps. Ces poèmes sont une source essentielle pour la compréhension de la mythologie nordique.
La Völsunga saga
La Völsunga saga est la saga légendaire la plus importante de la littérature médiévale islandaise du XIIIe siècle, qui raconte l’histoire des descendants de Völsung, une famille de héros et de guerriers nordiques. Elle narre également l’histoire de la lignée de Sigmund, un héros qui avec son épée Gram affronte de nombreux ennemis. Elle parle également de son fils Sigurd, qui tue le dragon Fafnir et acquiert sa fortune.
Elle a inspiré de nombreux auteurs et artistes à travers les siècles, notamment Richard Wagner, qui s’en est inspiré pour créer son célèbre opéra, L’Anneau du Nibelung, dont est extrait le fameux morceau La chevauchée des Walkyries composé en 1856 et utilisé par Francis Ford Coppola en 1979 dans le film Apocalypse Now.
L’Anneau du Nibelung
L’Anneau du Nibelung est une série de quatre opéras créés par le compositeur allemand Richard Wagner entre 1849 et 1876. L’histoire suit les aventures de dieux, de héros et de géants autour d’un anneau magique forgé par le nain Alberich, qui confère un pouvoir immense à son porteur, mais qui apporte également destruction et corruption.
Siegfried, jeune héros téméraire, se lance dans une quête pour tuer le dragon Fafnir et récupérer l’anneau magique. Il est aidé par le nain Mime, qui l’a élevé et espère utiliser Siegfried pour récupérer l’anneau. Cet opéra, d’une durée de plus de 15h, est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’opéra et de la musique classique.
Les romans de Tolkien
Le Hobbit
Le Hobbit est un roman qui raconte l’histoire d’un hobbit nommé Bilbo Baggins dans la version originale, ou Bilbon Sacquet dans la version française, qui est entraîné dans une aventure avec Gandalf et une troupe de nains pour récupérer le trésor de ces derniers, volé par le dragon Smaug.
Au cours de leur voyage, ils rencontrent des créatures fantastiques (Gollum, des trolls, des gobelins…), et finissent par tuer Smaug après une bataille épique. Bilbo retourne chez lui avec une partie du trésor et l’anneau magique, mais découvre que sa vie tranquille a été transformée à jamais.
Le Seigneur des anneaux
Le Seigneur des anneaux est une trilogie de romans qui suit les aventures d’un hobbit nommé Frodo Baggins, ou Frodon Sacquet, et ses compagnons dans leur quête pour détruire l’anneau magique unique, récupéré par son oncle Bilbon, afin qu’il ne tombe pas entre les mains du seigneur des ténèbres Sauron.
Le premier livre, La Communauté de l’Anneau, décrit la formation de la communauté qui part en quête de l’Anneau unique, ainsi que leur voyage à travers la Terre du Milieu jusqu’à ce qu’ils soient finalement contraints de se séparer.
Le deuxième livre, Les Deux Tours, suit les aventures de deux groupes distincts : Frodon et son ami Sam qui tentent de poursuivre leur quête, et Aragorn, Legolas et Gimli qui recherchent des alliés pour les aider dans leur combat contre Sauron.
Le troisième livre, Le Retour du Roi, raconte la bataille finale entre les forces du Bien et du Mal, alors que Frodon et
Sam se rapprochent de leur destination finale pour détruire l’Anneau unique.
Le Silmarillion
Le Silmarillion prend pour sujet l’histoire de la Terre du Milieu depuis la création du monde en se concentrant sur les événements qui ont conduit à la naissance des Elfes, des Hommes, des Nains et des autres peuplades. Le livre est
divisé en plusieurs sections, chacune décrivant une époque différente de l’histoire de la Terre du Milieu, avec des récits sur les Valar, les Elfes, les Hommes et les guerres de cette Terre.
Beren et Lúthien
Beren et Lúthien est une histoire d’amour entre un mortel et une elfe immortelle qui se lancent dans une quête pour obtenir un joyau convoité par le maléfique Morgoth. Ils réussissent à obtenir le joyau, mais Beren meurt en le portant. Lúthien choisit de mourir avec lui et leur sacrifice est honoré par les Valar, qui leur permettent de revenir à la vie en tant qu’humains mortels.
Les personnages chez Tolkien et leurs sources mythologiques
Gandalf
Gandalf partage les mêmes caractéristiques physiques que Merlin, de la légende Arthurienne, ou Odin, dieu de la mythologie scandinave. Pour autant, ils diffèrent sur certains points : Gandalf est un personnage bienveillant, ayant
pour but de protéger les peuples de la Terre du Milieu contre les forces du Mal. Merlin a une personnalité plus ambigüe et subit souvent des accès de folie mélancolique, liés à l’influence de la lune, le transformant alors en homme-bête. Odin, tout comme Gandalf, est un dieu voyageur doté d’une grande sagesse et de pouvoirs magiques.
Aragorn
Aragorn peut être comparé au roi Arthur, des héros Beowulf et Sigurd. Ces quatre hommes sont des guerriers courageux et déterminés, destinés à accomplir de grandes choses et à lutter contre le Mal pour rétablir la paix.
Les Elfes
Les Elfes font référence aux figures des dieux, déesses ou fées que l’on retrouve dans les mythologies celtes et nordiques. Ils sont dotés d’une grande sagesse et de pouvoirs magiques.
Les Nains
Dans la mythologie nordique, les nains vivent sous la montagne. Excellents forgerons, ils sont responsables de la fabrication des attributs divins.
Gollum
Gollum est un personnage qui s’inspire des créatures maléfiques que l’on trouve dans de nombreuses mythologies, comme les trolls ou les gobelins. Comme eux, il est laid, méchant et rusé.
Les Ents
Les Ents sont des personnages qui rappellent les esprits de la nature que l’on trouve dans les mythologies de nombreuses cultures. Ils sont des gardiens de la nature, des êtres sages et pacifiques, mais capables de se montrer redoutables lorsqu’ils sont en danger.
Sauron
Sauron peut être rapproché du dieu Lieur. Dans les mythologies celtiques et germaniques, ces dieux déclenchent et observent les guerres sans y participer. Il peut donc aussi être apparenté au Dieu Odin, dieu de la guerre et des victoires. Il a la particularité physique d’être borgne. Tolkien représente Sauron sous la forme d’un œil unique qui voit tout.
Les Dragons
Les dragons sont des animaux fabuleux mythiques qui sont présents dans de nombreuses cultures à travers le monde. Le plus souvent, les dragons sont associés à des forces naturelles comme le feu ou l’eau, et sont synonymes de puissance, de sagesse ou de chance. Dans l’iconographie chrétienne, il est assimilé au démon. Les dragons sont généralement représentés sous la forme de serpents géants, ailés. Chez Tolkien, on trouve le dragon Smaug le doré dans Le Hobbit, ou Glaurung dans Le Silmarillion.
Les Trolls
Les trolls sont des êtres mythiques cités dans la mythologie scandinave et dans le bestiaire médiéval. Dans l’œuvre deTolkien, les trolls sont des êtres de grande taille et de force physique impressionnante, mais qui ont une intelligence limitée.
Les Orcs
Les orcs sont des créatures imaginaires issues des légendes nordiques, notamment de Beowulf ou le terme « orcneas » fait référence au géant Grendel. Ce sont des êtres maléfiques et déformés qui servent les forces du Mal dans l’univers de la Terre du Milieu.
Les Balrogs
Les balrogs sont des monstres de feu et de fumée qui apparaissent notamment dans Le Silmarillion. Ils sont inspirés des démons du bestiaire médiéval et sont décrits comme des êtres puissants et terrifiants.
Les Wargs
Les wargs sont des loups géants que l’on rencontre dans Le Hobbit et dans Le Seigneur des anneaux. Ils sont inspirés des loups des légendes nordiques et sont souvent utilisés par les forces du Mal comme montures.
Les Géants
Les géants sont décrits comme immenses et puissants dans Le Silmarillion et sont inspirés des géants des légendes nordiques.
Les Hobbits
Les Hobbit semblent ne pas avoir d’ascendance mythologique ou légendaire, ils proviennent uniquement de l’imaginaire de Tolkien. L’auteur lui-même se comparait à un Hobbit, il aimait fumer sa pipe et vivre tranquillement.
Les Nazgûls
Les Nazgûls, aussi appelés Cavaliers noirs ou encore Spectres de l’anneau, sont les principaux antagonistes de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Ils sont au nombre de 9 et ont jurés allégeance à Sauron en échange d’Anneaux de
pouvoir. Leur vie est désormais liée à leur Anneau.Tels des spectres humains, ils perdent leur humanité et leur libre arbitre en scellant un pacte avec le Mal.
Ces ombres vivantes planent au dessus de la communauté de l’anneau durant l’ensemble de la trilogie. Parmi les Nazgûls, on retrouve par exemple le roi sorcier d’Angmar et la Bouche de Sauron.
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