Le Merveilleux, le Fantastique, et le Mythe dans Sindbad le Marin

  1. Le Voyage Imaginaire : l’exploration des mondes
  2. La structure narrative des 7 voyages de Sindbad le Marin
  3. Sindbad : la rhétorique de la vraisemblance
  4. Le Merveilleux, le Fantastique, et le Mythe dans Sindbad le Marin
  5. Jules Verne : Voyages au Cœur de l’Extraordinaire
  6. L’impact de l’illustration dans l’imaginaire vernien
  7. Géodésiques de la Terre et du Ciel
  8. Jules Verne et ses illustrateurs : une collaboration unique
  9. Jules Verne : les légendes sous les images
  10. Voyage au Centre de la Terre et Monde Perdu

Dans la riche tapestrie de la littérature arabe classique, les voyages de Sindbad le Marin se distinguent comme une fenêtre ouverte sur un monde de merveilles et de mystères. Ces récits, issus des “Mille et Une Nuits”, ne se contentent pas de divertir ; ils invitent à une exploration profonde des thèmes universels de l’humain face à l’inconnu. Cet article plonge au cœur de ces aventures légendaires pour explorer l’entrelacement du merveilleux, du fantastique et du mythique, révélant leur rôle essentiel dans le façonnement de cette épopée.

Nous verrons comment, à travers ses sept voyages, Sindbad navigue entre réalité et imagination, confrontant des créatures et des territoires qui transcendent la compréhension ordinaire. Ces éléments, bien au-delà de simples ornements narratifs, sont des reflets de la nature humaine, de ses aspirations et de ses craintes.

En analysant ces interactions entre le réel et l’imaginaire, nous dévoilons les couches de sens tissées dans ces récits. Chaque détail des péripéties de Sindbad révèle un aspect du merveilleux et du fantastique, enrichissant notre compréhension de ce conte intemporel. Ainsi, nous naviguons dans un univers où la fiction sert de miroir à la réalité, offrant une lecture riche et captivante.

Le Merveilleux

Définition et caractéristiques

Le merveilleux, dans le domaine littéraire, se caractérise par la création d’un univers où le surnaturel est intégré de manière harmonieuse et naturelle. Dans ces récits, les éléments magiques et fantastiques ne sont pas sources d’étonnement ou de peur mais sont perçus comme faisant partie intégrante de la réalité narrative. C’est un genre qui suscite chez le lecteur un sentiment d’émerveillement et d’enchantement, l’invitant à s’immerger dans un monde où l’extraordinaire est la norme.

Ce genre se distingue par son aspect onirique et souvent mystique, créant une atmosphère de rêve et de fascination. Il opère dans une dimension “in illo tempore”, un temps mythique et légendaire, où les lois de la nature telles que nous les connaissons sont suspendues ou modifiées. Cependant, malgré son irréalité apparente, l’univers merveilleux reste interne cohérent et logique selon ses propres règles.

Exemples historiques et modernes

Historiquement, le merveilleux trouve ses racines dans les contes de fées et les mythes. Des œuvres telles que “Le Songe d’une nuit d’été” de Shakespeare représentent parfaitement ce genre, avec un monde où les fées et la magie sont acceptées et intégrées dans la vie quotidienne des personnages. Cette pièce illustre l’aptitude du merveilleux à mélanger le réel et l’irréel dans une harmonie poétique et imaginative.

Dans la littérature contemporaine, “Harry Potter” de J.K. Rowling est un exemple emblématique du merveilleux moderne. Ce monde, où la magie est une partie quotidienne de la vie, élargit les horizons de l’imaginaire en combinant des éléments familiers du monde réel avec des aspects fantastiques. Rowling réussit à créer un univers à la fois merveilleux et crédible, où la magie est une extension naturelle de la réalité.

En outre, le merveilleux contemporain s’étend au-delà de la littérature classique et s’infiltre dans les médias visuels comme les films et les séries télévisées. Ces adaptations contribuent à la perpétuation et à l’évolution du genre, le rendant accessible à un public plus large et diversifié.

Impact et signification

Le merveilleux, en tant que genre, offre une évasion de la réalité, permettant aux lecteurs de s’immerger dans des mondes où l’imagination n’a pas de limites. En même temps, ces récits peuvent servir de métaphores pour explorer des thèmes plus profonds tels que l’identité, la morale et la complexité des relations humaines. Leur caractère intemporel et universel fait du merveilleux un pilier de la littérature, capable de captiver et d’inspirer des générations de lecteurs à travers les âges.

Le Fantastique

Définition et caractéristiques

Le fantastique, en tant que genre littéraire, se définit par l’intrusion de l’irrationnel ou de l’inexplicable dans un cadre réaliste. Cette irruption provoque un sentiment d’incertitude et de doute, tant chez le personnage que chez le lecteur, qui se trouvent confrontés à des phénomènes qui défient les lois de la nature et la logique conventionnelle. Le fantastique repose sur cette hésitation entre une explication rationnelle et l’acceptation de l’extraordinaire, créant un sentiment de malaise et de mystère.

Le Fantastique est fondamentalement violent, c’est une sorte de choc vertical qui frappe la banalité, la routine de manière terrible. C’est une irruption. Le Fantastique suppose la solidité du monde réel pour mieux le subvertir : plus le réel est fort, plus le Fantastique est fort.

Évolution et développement du genre

Le fantastique, dans son évolution historique, a toujours flirté avec les frontières du réel. Des auteurs comme Edgar Allan Poe et H.P. Lovecraft ont maîtrisé l’art de semer le doute et l’ambiguïté, utilisant le fantastique pour explorer les peurs humaines et les abysses de l’inconscient. Leurs œuvres, souvent teintées de terreur psychologique, ont posé les fondations du genre.

À l’époque moderne, le fantastique se diversifie, se mêlant parfois à la science-fiction ou au réalisme magique. Des auteurs comme Stephen King utilisent le fantastique pour perturber la banalité du quotidien, introduisant des éléments surnaturels dans des contextes familiers. Cette fusion des genres enrichit le fantastique, le rendant plus nuancé et diversifié.

Exemples et impacts culturels

Le fantastique se manifeste dans une variété d’œuvres littéraires, allant des classiques comme “Le Horla” de Guy de Maupassant aux romans contemporains comme “La Maison des Feuilles” de Mark Z. Danielewski. Dans le cinéma, des films comme “Le Sixième Sens” exploitent brillamment les codes du fantastique pour créer suspense et surprise.

Le genre a un impact profond sur la culture populaire, souvent en représentant les angoisses et les préoccupations de la société. Les histoires fantastiques offrent une toile de fond pour l’exploration de thèmes universels comme la mort, l’amour, et la quête de sens, tout en permettant aux lecteurs et spectateurs de confronter leurs propres peurs dans un cadre sécurisé.

Signification et portée du fantastique

Le fantastique, dans son essence, sert de miroir à l’âme humaine, reflétant les conflits internes et les luttes existentielles. Il ouvre une fenêtre sur l’inconnu, offrant un espace où la réalité est constamment remise en question.

Ce genre littéraire invite à une réflexion sur la nature de la réalité et la possibilité de mondes au-delà de notre compréhension. En défiant les perceptions et les attentes, le fantastique enrichit la littérature, offrant une exploration sans limite de l’imaginaire humain.

L’Heroic Fantasy

Définition et origines

L’heroic fantasy, un sous-genre du merveilleux, se caractérise par la présence d’un monde imaginaire où la magie et les éléments surnaturels jouent un rôle central. Ce genre littéraire met souvent en scène des héros engagés dans des quêtes épiques, confrontés à des forces maléfiques dans des univers riches et détaillés. L’heroic fantasy tire ses racines de la mythologie et des légendes anciennes, réinventées à travers le prisme de la narration moderne.

Éléments clés et structure narrative

Les récits d’heroic fantasy se distinguent par la création de mondes complexes, dotés de leur propre histoire, géographie, et systèmes de croyances. Les protagonistes sont généralement des figures héroïques aux qualités exceptionnelles, souvent destinées à accomplir des actes grandioses. Ces histoires sont structurées autour de conflits entre le bien et le mal, où la magie et les créatures fantastiques jouent un rôle crucial.

Exemples et influence culturelle

Des œuvres telles que “Le Seigneur des Anneaux” de J.R.R. Tolkien et “Le Trône de fer” de George R.R. Martin sont emblématiques de ce genre. Ces histoires ont eu une influence majeure sur la culture populaire, inspirant une multitude de livres, films, jeux vidéo et œuvres d’art. L’heroic fantasy, par sa capacité à engager les lecteurs dans des univers riches et imaginaires, offre une évasion de la réalité tout en explorant des thèmes universels tels que le courage, le sacrifice, et la lutte contre l’adversité.

Impact sur la littérature moderne

L’heroic fantasy a également joué un rôle important dans l’évolution de la littérature moderne, en élargissant les horizons narratifs et en encourageant l’exploration de mondes et de cultures fictifs. Ce genre continue d’évoluer, intégrant de nouvelles idées et réflexions sur des sujets contemporains, tout en restant fidèle à ses thèmes et motifs classiques.

Quels sont les éléments de Sindbad qui relèvent du Merveilleux et du Fantastique ?

Éléments du Merveilleux dans Sindbad

Les voyages de Sindbad sont empreints du merveilleux, caractérisés par la présence de créatures fantastiques, de paysages oniriques et de situations hors du commun. Les îles exotiques, les monstres marins gigantesques et les trésors cachés sont des motifs typiques du merveilleux, créant un monde où la magie et l’extraordinaire sont la norme. Dans ces récits, Sindbad rencontre des êtres et des phénomènes qui, bien que fantastiques, sont intégrés naturellement dans le tissu de son univers, suscitant l’émerveillement plutôt que la peur ou la surprise.

Éléments du Fantastique dans Sindbad

Le fantastique, quant à lui, se manifeste dans les récits de Sindbad à travers l’insertion d’éléments surnaturels qui perturbent la réalité connue. Des épisodes comme la découverte d’une île qui se révèle être un poisson géant introduisent un sentiment d’incertitude et de doute, typique du fantastique. Ces moments où la réalité bascule dans l’étrange forcent Sindbad et le lecteur à remettre en question ce qu’ils considèrent comme vrai ou possible, créant une tension narrative caractéristique du fantastique.

Quels sont les éléments de Sindbad qui relèvent du Merveilleux et du Fantastique ?

Les effets du Merveilleux et du Fantastique sont très différents :

  • Dans le Merveilleux, c’est l’admiration, la contemplation, l’extase (irrationnel)
  • Dans le Fantastique, c’est la peur, la mort, une subversion de l’ordre naturel (rationnel)

Éléments du Merveilleux

  • L’Ange, l’homme ailé
  • Oiseau Rokh
  • Œuf géant : est une cathédrale pour Sindbad (Merveilleux) mais de la nourriture pour l’équipage (Fantastique car cela représente la mort).

Sindbad est un récit polymorphe qui passe du Merveilleux au Fantastique. L’étonnement (amazed) appartient au Merveilleux. Le plus important est la transcendance, le moyen de s’élever vers Dieu.

Sindbad a la faculté de s’émerveiller constamment devant la création : nous ne sommes pas loin de l’élan mystique. Mais la création touche au réel et donc au Fantastique. C’est très moderne et novateur : il y a une réactivation de la tératologie (les monstres hybrides des mythes : dragons…) et une dynamique presque réaliste (effet presque tactile).

Éléments du Fantastique

Le Fantastique est le retour de ce qui ne doit pas être : le fantôme est un revenant. Le Fantastique est celui qui réapparaît. C’est la réactualisation des monstres dans notre monde actuel. C’est la forme réactualisée des anciennes peurs.

Le Merveilleux et le Fantastique peuvent coïncider dans certains récits. Dans Jurassic Park par exemple, le Diplodocus est merveilleux, tandis que le Tyrannosaure est fantastique. Dans Les Dents de la Mer, le requin est fantastique, alors que la baleine tient du merveilleux.

Le Merveilleux est la capacité de notre part à être émerveillé plutôt que la chose elle-même. Le Fantastique est une liste archétypale limitée : il y a peu de renouvellements (le retour, le retour, le retour…).

L’histoire de Sindbad introduit un doute fictionnel avec l’épisode de l’île flottant qui s’avère être un poisson – vrai ou faux ? Sindbad présente un côté didactique : la transmission du savoir et de l’expérience.

Relier Merveilleux et Fantastique : le Mythe

Utilisation du vocabulaire Merveilleux et Fantastique dans le Mythe

Le mythe, dans sa narration, emploie le vocabulaire du merveilleux pour dépeindre l’extraordinaire et l’anormal, ces aspects du jamais vu qui émerveillent et fascinent. Parallèlement, il utilise les éléments du fantastique pour évoquer la peur et la menace, créant ainsi un mélange envoûtant de fascination et d’épouvante. Cette dualité se reflète clairement dans les voyages de Sindbad, où la merveille côtoie constamment le danger et l’inconnu.

Le Mythe utilise le vocabulaire du Merveilleux pour décrire l’anormal, le jamais vu puis le vocabulaire du Fantastique pour décrire la peur, la menace (p.87 : “l’épouvante, fasciné”).

Le lien entre le premier et le septième voyage se fait par le cycle du poisson, par Sindbad le “marin”. L’importance du lieu est capitale : vision paradisiaque (Merveilleux) et infernale (Fantastique). Paradis et Enfer : l’un nécessite l’autre. La symbolique de l’île évoque un paradis (cercle, isolement, intemporalité), mais ici, elle représente un faux espace paradisiaque, incarnant le mythe du paradis perdu.

Le Cycle du Poisson et la symbolique des lieux

Le récit de Sindbad, depuis son premier jusqu’à son septième voyage, est marqué par le cycle récurrent du poisson, symbolisant la continuité et l’évolution du personnage. L’importance des lieux dans ses voyages est cruciale, oscillant entre des visions paradisiaques, représentant le merveilleux, et des représentations infernales, écho du fantastique. Cette dichotomie entre paradis et enfer souligne l’interdépendance des deux aspects dans la construction du mythe.

Parallèles avec l’Odyssée et la dialectique du provisoire et de l’éternité

Tout comme dans l’Odyssée d’Homère, où Ulysse entame son périple par une descente métaphorique aux enfers, Sindbad traverse des espaces qui semblent éphémères et paradisiaques, mais qui se révèlent être des illusions ou des pièges. Cette juxtaposition crée une dialectique entre le provisoire et l’éternité, entre l’émerveillement face aux merveilles du monde et la prise de conscience de leur nature fugace et parfois trompeuse.

Le décor est mythique, très vite métaphorique : c’est un paradis provisoire, éphémère, la description est archétypale : “on se serait cru au paradis”. C’est la dialectique du provisoire et de l’éternité : soit l’émerveillement de Sindbad lui-même, soit l’émerveillement des gens auxquels il raconte son aventure. La nature est extraordinaire, la terre originaire. Le monde est beau et terrible à la fois, depuis les origines. “Paradis” à l’origine est un mot persan qui signifie “jardin”.

Le quatrième voyage symbolise l’enfer, Sindbad est enterré vivant. Il n’existe aucune note de cette tradition de suivre son époux ou épouse dans la tombe, dans toute l’anthropologie, mais si Sindbad en parle, cela fait sûrement écho de quelque endroit ainsi.

Un œuf (enfantement) blanc (pureté) sur l’île (paradis). Sindbad s’émerveille devant tout ceci mais le reste de l’équipage mange les oiseaux, c’est une transgression. Le ciel se noircit (plus de blanc) et l’oiseau Rokh pique vers eux (verticalité). La morale : si je ne te mange pas, tu me manges.

Dans le cinquième voyage, “Paradis” devient “Pays Funestes”. Dans le sixième voyage, l’émerveillement est plus grand que la peur, avec la matérialisation du Paradis avec l’empreinte du pied d’Adam.

Dans le septième voyage, Salomon est une métaphore archétypale du monde. Sindbad frôle la voûte céleste, il entend les anges avant de revenir sur terre. Morale : on ne peut accéder au Paradis. C’est une forme d’échec mais il reste tout de même le souvenir de l’avoir fait (mythe).

Symbolisme et Morale dans les Voyages de Sindbad

Les voyages de Sindbad sont parsemés de symboles forts, comme l’œuf blanc sur l’île paradisiaque, représentant la pureté et l’origine. Cependant, la transgression de l’équipage, qui consomme les oiseaux sacrés, entraîne des conséquences funestes, illustrant la morale que chaque action a ses répercussions. Ce mélange de merveilleux et de leçons morales renforce la dimension mythique des récits.

Dans son septième voyage, la rencontre de Sindbad avec la figure de Salomon et son approche de la voûte céleste illustrent la quête humaine de l’inaccessible, une tentative de percer les secrets du divin. Cet épisode, chargé de symbolisme, conclut la série de voyages sur une note à la fois mélancolique et empreinte de sagesse, typique des mythes.

En combinant le merveilleux et le fantastique, les récits de Sindbad se hissent au rang de mythes, offrant une narration riche en symboles, en enseignements et en émotions. Ces histoires captivent non seulement par leurs aventures extraordinaires mais aussi par leur capacité à refléter les quêtes et les dilemmes éternels de l’humanité.

Le Mythe

Définition et structure du mythe

Le mythe est un récit qui puise sa forme dans des histoires sacrées, avec des origines souvent ancrées dans la croyance religieuse et la notion de culte. Il se distingue du conte par cette connexion à des êtres sacrés et à des rituels, créant une interférence entre le monde des humains et celui des divinités. La structure du mythe est construite autour de la moralité, avec un but étiologique : expliquer la création du monde ou des phénomènes naturels.

Fonction étiologique et rapport à la réalité

Le mythe transcende la simple fiction en intégrant des éléments réels et en explorant des explications fondamentales sur l’origine et le fonctionnement de l’univers. Contrairement au conte qui nous transporte dans un ailleurs fantastique, le mythe nous ramène à des origines sacrées, offrant une histoire au temps fabuleux des commencements et des exploits surnaturels.

Mythe, imaginaire et monde parallèle

Le mythe est un appel à l’imaginaire et aux mondes parallèles, où le merveilleux et le fantastique se côtoient. Il incarne la quête initiatique vers des terres inconnues et mystérieuses. Grands voyageurs mythiques tels que Jason, Demeter, et Ulysse illustrent cette quête perpétuelle.

Sindbad et l’Odyssée

Sindbad, dans ses aventures, évoque le périple d’Ulysse dans l’Odyssée. Il rencontre des peuples inconnus, affronte des monstres, et traverse des épreuves fantastiques. Ces éléments géographiques et mythiques reconstituent un voyage qui flirte constamment avec la limite entre le réel et l’imaginaire, le divin et l’humain. L’exploration des terres nouvelles est une initiation à d’autres mystères. Le mot “mystère” vient du grec mystos (myste = initié).

Symbolisme et rôles des créatures mythiques

Les créatures dans les récits de Sindbad, comme l’oiseau Rokh, symbolisent des forces surnaturelles et jouent des rôles initiatiques. Elles peuvent être des gardiens de seuils ou des psychopompes, guidant les âmes ou les voyageurs à travers des transitions significatives. Ces créatures, telles que les dragons, les géants et les nains, portent un symbolisme riche, souvent relié aux éléments naturels et aux mystères de la vie.

Le mythe n’est absolument pas contradictoire avec le fantastique. Recherchons les éléments du mythe dans Sindbad :

  • L’oiseau Rokh rappelle l’oiseau Garudo en Inde, ou l’oiseau Simurgh
  • Il y a un parallèle avec le dragon : figure orientale, Siegfried et le Dragon (conte Allemand)
  • Le dragon ailé et le dragon terrestre. Le dragon crache du feu
  • Aux échecs : petit Rokh et grand Rokh (origine Arabe)

Le monstre est le gardien du seuil et joue un rôle initiatique : il faut affronter le monstre pour progresser. Le monstre aérien appartient au domaine spirituel, aérien (par rapport au domaine terrestre, qui est matériel) : il paraît comme une force gigantesque, presque divin puisqu’il assombrit le ciel de ses ailes. C’est une divinité de l’air, une divinité porteuse qui conduit d’un endroit à un autre. Sindbad voyage avec lui.

Les créatures peuvent endosser le rôle de psychopompes, à l’instar du chien : Cerbère dans les Enfers, ou Milou aux côtés de Tintin. De temps en temps, des créatures permettent de s’élever. Il faut toujours descendre pour s’élever. L’œuf est toujours le symbole de l’origine, de la création. L’œuf est universel, sa contemplation doit être lue comme un symbole de pureté. Sindbad est amené à jouer un rôle différent des autres. Il est choisi par l’oiseau Rokh. Il est déjà élevé avant d’arriver au bout de sa quête.

Les créatures peuvent appartenir à différentes catégories :

  • En tératologie, on étudie des créatures mythiques telles que l’oiseau Rokh et le Vieillard de la mer.
  • En zoologie, certains animaux possèdent des symboliques particulières, par exemple les éléphants, considérés comme des animaux cosmophores portant le cosmos sur leurs épaules, ainsi que les poissons et les baleines.

Le grand poisson qu’il prend pour une île lui apprend qu’il ne faut pas se fier aux apparences :

  • Vertu symbolique
  • Île-poisson : symbole de danger

Sindbad le marin est une créature de la mer, en affinité avec les habitants de la mer. Il est aussi déstabilisé par l’Air (Haut) que la Mer (Bas). Il reste Terrien.

Le cheval marin

Le cheval marin appartient au mythe. C’est un monstre hybride issu de la tératologie.

Sindbad n’apprend rien. Pour que l’univers soit significatif, il faut qu’il soit initié. Sindbad est une andouille : il lui faut six voyages avant d’apercevoir la signification du monde. La curiosité et la merveillosité le sauvent. C’est l’homme sauvé par les qualités de futur initié. Sindbad rappelle Ulysse : il y a un côté universel, l’homme sera toujours un imbécile avec quelques virtualités.

L’aigle

L’aigle est un symbole solaire, royal. Il y a un isomorphisme entre le roi, le soleil et l’aigle. Napoléon est connu comme l’Aigle. Son fils s’appelle l’Aiglon.

Nains et géants

Il y a une symétrie dans le monde de Sindbad avec les nains et géants. Le nain est relié au sous-sol, c’est le gardien du trésor. Le géant est relié au monde supérieur : Gulliver, Gargantua. Le géant est un ogre, un anthropophage. Le ventre du géant est le ventre de la terre qui nous absorbe pour nous donner une nouvelle forme.

Avec le géant, la peur a une vertu initiatique. Sindbad a peur tout en s’émerveillant et c’est ce qui le sauve. Le géant n’a pas de nom mais beaucoup de points communs avec l’histoire d’Ulysse Le récit d’Homère a eu beaucoup d’influence, jusqu’en Arabie : les lotophages (qui mangent du lotus) par rapport à Sindbad qui ne prend pas de drogue.

Le Vieillard de la Mer

Le Vieillard de la Mer a une symbolique très complexe. C’est une figure proche des études de Levi-Strauss avec la femme-crampon : une créature de dégoût et répulsion universels.

Plus on progresse sans les voyages, plus l’univers devient mythique. Le pied d’Adam, le prédécesseur, donne un sens au voyage. Le voyageur est toujours précédé par quelqu’un, un explorateur n’est jamais le premier.

Sindbad semble le premier mais retrouve l’empreinte d’Adam : le voyage mythique n’est jamais un voyage historique. Tout voyage mythique est un second voyage, un pèlerinage.

Le pèlerinage est une notion religieuse : c’est revenir sur les lieux considérés comme sacrés (cf. Compostelle, voie ouverte pour les saints), c’est mettre son pied dans celui du prédécesseur. Le voyage devient mythique par la reproduction.

Le pèlerin n’est jamais le premier explorateur, il revient. La Quête est la recherche de quelque chose que quelqu’un a perdu.

Le voyage mystérieux qui ne trouve son éclaircissement qu’à la fin du septième voyage. Ce qui donne un sens au voyage, c’est la sanctification du chemin. C’est une lecture presque religieuse par rapport aux données mythologiques.

C’est la sévérité de la quête qui donne du sens au voyage. Le pèlerin est transformé par la transcendance et la sublimation car la quête n’est pas linéaire, c’est une boucle avec un aspect vertical très fort.

Le cimetière des éléphants rappelle le paradis perdu et la connivence que l’homme avait avec les animaux. Dans Tarzan, le plus grand ennemi de l’homme est l’homme, et non les fauves.

Le Voyage de Sindbad comme pèlerinage mythique

Dans les voyages de Sindbad, la découverte de l’empreinte d’Adam et les rencontres avec des créatures mythiques rappellent la notion de pèlerinage, où chaque voyage est une quête de sens et de connexion avec un passé sacré. Le mythe, dans ces récits, devient un moyen d’explorer la transcendance et la sublimation humaine, soulignant l’importance de la quête personnelle et spirituelle.

Conclusion

Le mythe, à travers les récits comme ceux de Sindbad, offre une vision profonde de l’expérience humaine. Il relie le passé au présent, le sacré au profane, et l’humain au divin. Les mythes de Sindbad, avec leur richesse symbolique et leur exploration des mystères de l’existence, demeurent des témoignages puissants de l’aspiration humaine à comprendre le monde et à trouver sa place dans l’univers.

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