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Existe-t-il un affaiblissement du lien social ?

La cohésion sociale est-elle menacée ?

La remise en cause de la légitimité de certaines institutions entraînent une baisse de la conscience collective, une moindre adhésion à des valeurs communes (exemples : famille, Eglise, syndicats).

Le lien social se construit à partir de groupes dans lesquels les individus évoluent et effectuent leur apprentissage (socialisation).

I – La famille

A – Constatations : la famille se transforme

Ce sont les formes traditionnelles de la famille qui sont remises en cause aujourd’hui. Des formes nouvelles apparaissent : la famille n’est plus un modèle unique. Facteurs de cette évolution :

  • baisse de la fécondité
  • hausse du taux de divorce (39%)
  • nombre de mariages
  • hausse du nombre de familles mono-parentales
  • hausse du nombre de familles recomposées
  • développement de l’union libre
  • hausse du célibat
  • hausse du nombre de couples homosexuels (avec ou sans enfants)
  • hausse des naissances hors-mariage (40%)

On peut aujourd’hui parler d’éclatement du modèle unique de la famille même si la famille nucléaire reste encore le modèle le plus répandu.

B – Les causes de cette évolution

  • hausse du taux d’activité des femmes : 80% des femmes entre 25 et 49 ans travaillent.
  • importance du statut professionnel, du choix de la carrière (conséquences sur le divorce et l’indice de fécondité), hausse de la durée des études.
  • émancipation des femmes et évolutions des mentalités. Les rôles masculins et féminins évoluent et se rapprochent. L’homme n’est plus le seul à assurer le financement de la famille.
  • urbanisation : anonymat plus important. La famille se transforme beaucoup plus : moindre importance du contrôle social informel.
  • individualisme
  • hédonisme
  • baisse de l’influence de la religion
  • planification des naissances
  • hausse de l’espérance de vie
  • âge du mariage plus tardif
  • développement du chômage et de la précarité
  • PACS

C – La famille reste toujours un important agent de socialisation et demeure une source de solidarité

La famille transmet des valeurs et des normes, produit un lien social et assure la cohésion sociale. Elle reste toujours présente dans la vie quotidienne même si elle connaît des changements et des formes multiples.

Il existe toujours une solidarité familiale inter-générationnelle : aide en nature ou matérielle, support moral. La génération intermédiaire – les parents – est très sollicitée : importance du cocooning : plus de 50% des 20-24 ans vivent chez leurs parents. La famille permet l’identification de chacun grâce à ses références familiales.

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Division du travail et lien social

Introduction

Emile Durkheim (1858-1917) est l’un des pères fondateurs de la sociologie. Il est l’auteur de deux ouvrages prépondérants : De la division du travail social (1893) et Le suicide (1897).

A la fin du 19ème siècle, il est préoccupé par les problèmes sociaux liés à la révolution industrielle en France : la cohésion sociale semble menacée.

Une question se retrouve dans toute l’oeuvre de Durkheim : quel ciment peut bien lier tous les individus les uns aux autres et faire tenir la société ?

Durkheim pose alors le problème du lien social. Il va créer une science nouvelle destinée à permettre d’analyser objectivement la réalité sociale. Il va imposer la sociologie comme discipline à part entière : l’objet de la sociologie est la société.

Pour comprendre le fonctionnement de la société, Durkheim va définir les règles de la méthode sociologique. Sa démarche est objective et il explique un fait social par rapport à d’autres faits sociaux. Son but est de dégager les réalités sociales à l’origine des comportements individuels.

Durkheim est partisan du holisme ou déterminisme social. Il s’oppose à Weber, partisan de l’individualisme méthodologique.

I – Individu et société

A – Etude d’un fait social : le choix du prénom

Fait social

Selon Durkheim, est fait social toute manière de faire susceptible d’exercer sur un individu une contrainte extérieure. C’est une manière d’agir ou de penser où s’exprime la contrainte que fait peser sur chacun l’appartenance à un groupe.

Le modèle classique

Devait faire face à des contraintes collectives :

  • lignée familiale (Famille)
  • communauté religieuse (Eglise)
  • collectivité locale

Les familles n’ont pas le libre choix du prénom (règles sociales contraignantes). Le prénom sert à rattacher l’individu à une identité collective. L’individu n’est pas d’abord identifié par sa personnalité mais par sa présence au sein d’un groupe.

Le modèle actuel

Aujourd’hui on veut individualiser l’enfant. Le choix est libre mais il y a l’influence de la mode. C’est une manière de se distinguer. Certains prénoms sont rattachés à des classes sociales. Le prénom devient un bien de consommation.

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La finance internationale

I – Le rôle du Système Monétaire International (SMI)

A – Le SMI

Un Système Monétaire International (SMI) est un ensemble de règles et d’institutions qui régissent comment, en quoi et à quel prix les monnaies s’échangent entre elles.

Les règles sont écrites (SMI de Bretton Woods en 1944, le SMI remanié en 1976), les institutions sont officielles et font respecter les règles (le FMI) : il faut que la monnaie soit convertible en moyens de paiement acceptés au niveau international et qui vont constituer les réserves de change des banques centrales : les liquidités internationales (¥, $, €).

Pour qu’une monnaie puisse être convertible en une autre monnaie, il faut un taux de change. Le taux de change officiel est la parité de la monnaie (taux fixe).

Rappel : les 3 fonctions de la monnaie :

  • instrument de change
  • instrument de réserve de valeur
  • unité de compte

B – Les 2 systèmes de change

Le système de change fixe

La monnaie ne peut varier qu’à l’intérieur d’une marge de fluctuation autorisée (autour des parités). Exemple : les accords de Bretton Woods de 1944 à 1973.

Le système de change flottant

Le taux de change varie en fonction de l’offre et de la demande, au jour le jour. Aucune marge n’est imposée. Il n’y a pas de prix officiel de la monnaie (plus de parités). Depuis 1973 et 1976 (accords de Kingston), on distingue le flottement pur et le flottement impur :

  • le flottement pur est un modèle théorique : il n’y aurait aucun e intervention de la banque centrale.
  • le flottement impur existe en pratique : il y a intervention de la banque centrale sur le marché des changes.

Note : le système de change irrévocablement fixe est l’Euro car il y a disparition progressive des taux de change pour laisser place à une monnaie unique, l’€.

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L’économie mondialisée

I – Les caractéristiques du Commerce International

A – Une puissante vague de libéralisme

Depuis 1945, les entraves à la circulation de marchandises ont été réduites (GATT).

L’OMC a développé encore plus le multilatéralisme : ce vaste mouvement est dû à la Grande Bretagne et aux USA (déréglementations, privatisations).

Les stratégies de développement des pays reposent aujourd’hui sur l’insertion dans les marchés internationaux.

B – Importance des services

La part des marchandises baisse alors que la part des services est en augmentation (20% des échanges mondiaux). C’est l’un des phénomènes marquant de la mondialisation.

Lors de l’Uruguay Round, un accord sur le commerce des services a été signé : le GATS.

Des accords de libéralisation des services ont été conclus sous la pression des PI :

  • technologies de l’information (décembre 1996)
  • télécommunications (février 1997)
  • services financiers (décembre 1997)

Ces accords n’ont cependant pas été signés par tous les pays. Les pays essaient de regagner dans le domaine des services les parts de marché perdues dans le commerce international des marchandises au profit des NPI.

Les plus grands exportateurs de services sont les USA, la France, l’Italie et l’Allemagne.

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La théorie de l’échange

La théorie du libre-échange insiste sur les bienfaits de l’ouverture sur l’extérieur. Elle est en réaction au mercantilisme.

Depuis 1945, le libre-échange n’a cessé de progresser et d’entraîner le développement du commerce mondial. Pourtant lorsque l’activité économique ralentit, le protectionnisme s’installe.

I – Les analyses théoriques de l’échange international ou les théories du libre-échange

A – La théorie des avantages absolus

C’est la théorie d’Adam Smith (1723-1790), théoricien du libre-échange et auteur de la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776).

Sa théorie veut que chaque pays se développe dans les productions où il dispose d’un avantage absolu, i. e. dans la production d’un bien pour lequel son coût de production est inférieur (= sa production par unité de facteur supérieure) à celui des pays avec lesquels il commerce : un pays a intérêt à produire davantage qu’il ne consomme, afin d’exporter le surplus et d’importer des biens que d’autres pays produisent mieux que lui.

B – La théorie des avantages comparatifs

David Ricardo (1772-1823) est un économiste libéral classique et un libre-échangiste. Il est l’auteur du Principe de l’économie politique et de l’impôt (1817).

Ricardo va compléter la théorie de Smith en se posant la question suivante : que se passe-t-il si un pays ne possède aucun avantage absolu ? Selon Smith, sa production va être nulle.

Ricardo énonce la théorie des avantages comparatifs : tout pays a intérêt à être libre-échangiste même si un pays a un avantage absolu sur tous les autres pays dans tous les domaines.

Le pays se spécialise dans la production où il possède un avantage relatif, i. e. là où il est relativement le meilleur ou le moins mauvais. Il faut savoir renoncer à ses avantages les plus faibles pour tirer parti de ses avantages les plus forts.

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Le progrès technique

Le progrès technique au sens strict est l’ensemble des éléments qui permettent d’améliorer les méthodes de production et d’augmenter la productivité.

Le progrès technique se manifeste par des changements de machines, des nouvelles organisations du travail. Le progrès technique est facteur de croissance.

Au sens large, on étend la notion de progrès technique aux innovations.

I – Progrès technique et innovation

Le progrès technique résulte directement des innovations, i. e. de la mise en application d’une invention.

A – De l’invention à l’innovation

Une invention est la découverte d’un principe ou d’un produit nouveau qui n’est pas toujours susceptible d’application pratique. L’invention part de la recherche fondamentale pour arriver à la recherche appliquée : c’est le résultat de la recherche scientifique.

Une innovation est la mise en application industrielle et commerciale d’une invention. L’innovation reprend les étapes de la recherche scientifique de l’invention et ajoute les stades de développement et de commercialisation : c’est la mise en valeur économique des innovations.

La période sur laquelle s’étend le processus d’innovations peut être assez longue : le téléphone a mis 56 ans, la télévision en a mis 10. De nombreuses inventions ne donnent pas des innovations.

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L’investissement et ses transformations

I – L’investissement

A – Définitions

Investissement : au sens strict, c’est l’acquisition par les entreprises de moyens de production pour remplacer ou accroître le capital productif. Le terme concerne le capital fixe. On parle d’investissement productif.

Investissement immatériel : achats de brevets, logiciels, publicité, marketing, formation du personnel, recherche et développement.

Amortissement : partie de l’investissement qui sert à remplacer le capital usagé ou obsolète.

Investissement net = Investissement brut – Amortissement.

Ne pas confondre Investissement et Capital Investi!

Investissement : achat de biens qui vont servir plusieurs fois dans le processus de production (investissement en capital fixe).

Capital investi : matières premières détruites ou incorporées dans le processus de production.

Ne pas confondre Investissement et Placements Financier : un placement financier est plus ou moins spéculatif.

En comptabilité nationale, au niveau macro-économique, l’investissement s’appelle la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF).

La FBCF comptabilise les investissements des entreprises, des ménages et des administrations. La FBCF ne comptabilise pas les investissements immatériels.

Le taux d’investissement est la part de richesse créée consacrée à l’investissement dans un pays. C’est la capacité d’un pays à renouveler son équipement.

Taux d’investissement = ( FBCF / PIB ) * 100

Le taux de marge est la part de la Valeur Ajoutée (VA) qui est destinée à l’entreprise.

Taux de marge = ( EBE (profits) / VA ) * 100

Le taux d’autofinancement est la capacité des entreprises à financer elles-mêmes leurs investissements.

Taux d’autofinancement = ( Epargne brute / FBCF des entreprises ) * 100

Un investissement induit est un investissement effectué à cause de la hausse de la demande (accélérateur d’investissement).

Un investissement autonome est un investissement indépendant de la demande (multiplicateur d’investissement).

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L’organisation du travail

Avec la révolution industrielle, la division du travail s’est développée (cf. Adam Smith).

La notion d’appareil productif ne se limite pas à sa dimension économique et technique (progrès technique, innovations, investissements, profits…), il faut aussi tenir compte de la dimension sociale de l’entreprise.

Toute forme d’organisation du travail présente aujourd’hui 4 objectifs :

  • produire le plus possible
  • dans les délais les plus courts
  • avec le moins d’efforts
  • en tenant compte de la qualité

Le sociologue Alain Touraine distingue 3 phases dans l’évolution de l’organisation du travail :

  • l’ancienne organisation du travail
  • le taylorisme – fordisme
  • le post-taylorisme

I – Phase A : l’ancienne organisation du travail

Composée de l’artisanat et des petites entreprises. L’ouvrier était qualifié et était capable de transmettre son savoir-faire aux plus jeunes.

Il avait une certaine liberté et les rapports humains étaient plus importants (confiance).

II – Phase B : le taylorisme – fordisme

A – Le taylorisme

Le taylorisme est dû à un ingénieur américain, Taylor (1856-1915), qui a poursuivi la pensée d’Adam Smith : il crée l’Organisation Scientifique du Travail (OST), i. e. une organisation rationnelle reposant sur 3 principes :

1 – Séparation radicale entre la conception et l’exécution

C’est la division verticale du travail. La conception concerne les bureaux des méthodes dont le rôle est de penser (cols blanc).

L’exécution concerne les ateliers dont le rôle est de fabriquer (cols bleus). L’objectif est de mettre en valeur le savoir de l’ouvrier.

2 – Découpage des activités en tâches élémentaires et non qualifiées

C’est la division horizontale du travail : la parcellisation des tâches :

  • une tâche simple
  • une tâche répétitive
  • en peu de temps
  • la méthode la plus efficace : “the one best way”

3 – Le salaire au rendement

L’appât du gain permet de stimuler l’activité et la productivité et d’obliger l’ouvrier spécialisé (OS) à suivre la cadence.

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Le marché du travail et le chômage

I – Les composantes du marché du travail

L’offre de travail (la demande d’emploi) est faite par la population active (cf. démographie, durée des études, départs à la retraite, taux d’activité des femmes, solde migratoire).

La demande de travail (l’offre d’emploi) est faite par les entreprises (cf. croissance : consommation, investissement, exportations).

L’offre et la demande de travail se rencontrent sur le marché du travail.

Mais les offreurs de travail (ou demandeurs d’emploi) ne font pas partie de la population active :

  • les individus qui estiment trop faible leur probabilité de trouver un emploi
  • ceux qui n’ont plus droit aux indemnités de chômage
  • travailleurs au noir

La notion de flexion du taux d’activité est la variation des taux d’activité résultant de la création d’emploi.

En effet, la création d’emploi suscite de la part des personnes inactives l’espoir de trouver un travail : en entrant ou en retournant sur le marché du travail, elles constituent une offre de travail supplémentaire.

Le taux de flexion permet de mesurer la partie cachée du chômage. Exemple : en 1997, il fallait créer 130 emplois pour faire baisser le chômage de 100 personnes.

II – Les mesures du chômage

Un chômeur est une personne sans emploi, disponible pour travailler et à la recherche d’un emploi.

Les mesures :

  • les Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois (DEFM) : personnes inscrites à l’ANPE
  • chômage au sens du recensement : effectué par l’INSEE tous les 7 ans
  • chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) : enquête emploi sur 70 000 ménages au mois de mars

Taux de chômage = ( nombre de chômeurs / population active totale ) * 100

Les frontières du chômage sont de plus en plus incertaines, c’est le sous-emploi :

  • Contrats à Durée Déterminée (CDD) et contrats précaires
  • emplois à temps partiel occupés faute de mieux
  • intérim
  • emplois aidés (Contrat Emploi Solidarité : CES)

Ce sont au total 6 millions de personnes qui seraient en quête d’un emploi ou à la recherche d’un autre type d’emploi ou de contrat. 6 millions dont 3 millions de chômeurs et 3 millions de sous-emplois.

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Evolution à long terme de la population active et des structures sociales

I – Définitions

La population active totale = population active occupée + personnes à la recherche d’un emploi (chômeurs)

La population inactive = étudiants + retraités + femmes au foyer (sans travail et n’en recherchant pas)

Le taux d’activité = ( population active totale / total des personnes en âge de travailler (17-64 ans) ) * 100

Un secteur d’activité est l’ensemble des entreprises ayant la même activité principale. Les actifs sont classés selon l’activité principale de l’entreprise.

La classification en 3 secteurs d’activités est dûe à Colin Clark (1940) et à Fourastié :

  • secteur 1 : agriculture, extraction, production de matières premières
  • secteur 2 : industrie
  • secteur 3 : services

Le secteur 3 a un sous-ensemble : le secteur informationnel (information, communication).

La loi des 3 secteurs est le phénomène constaté par Colin Clark et Fourastié : la répartition de la population active entre les 3 secteurs évolue toujours de la même façon : l’évolution de la demande et les progrès de la productivité conduisent à un déplacement des actifs du secteur 1 vers les secteurs 2 puis 3.

II – Facteurs expliquant l’évolution de la population active

L’évolution démographique : baby-boom (accroissement de la population) et baby-crack (baisse de la population : accroissement moins rapide)

Le solde migratoire : positif ou négatif

Le taux d’activité des femmes

La durée des études : retarde l’entrée dans la population active

L’âge de départ à la retraite : la loi Auroux de 1982 a fixé la retraite à 60 ans au lieu de 65 ans mais la réforme de 1994 a allongé la durée du travail (passant de 37.5 à 40 ans)

III – Evolution de la structure socioprofessionnelle

A – Les pays industrialisés

La croissance de la population active s’est accompagnée de profondes mutations (déclin de la paysannerie, essor de l’industrie après la révolution industrielle, importance de la classe ouvrière : augmentation du nombre de cols bleus).

Il faudra attendre 1960 pour que les emplois de bureau et le tertiaire progressent (cols blancs). L’extension du salariat (86% de la population en 1997) marque le déclin des professions indépendantes. Notons aussi l’augmentation du taux d’activité des femmes ainsi que l’essor des classes moyennes.

B – Les pays en développement

Connaissent les mêmes mutations que les pays industrialisés et les NPI (Nouveaux Pays Industrialisés) : essor de l’industrie et du tertiaire.

Certains PED connaissent une croissance très importante du tertiaire : les pays les moins avancés (PMA). Cette hypertrophie du secteur 3 n’est pas synonyme de développement mais d’un nombre élevé de fonctionnaires et de petits métiers.

IV – La tertiarisation de l’économie ?

A – Nous sommes dans une société tertiaire

La croissance est plus soutenue dans les services et le commerce que dans les autres secteurs d’activités.

Hausse du nombre de cols blancs.

Hausse de la demande des ménages (tourisme, soins aux personnes âgées…)

Gains de productivité : plus de main d’oeuvre dans le secteur tertiaire (cf. loi des 3 secteurs).

Hausse de la demande de services des entreprises (restauration, entretien, gardiennage, sécurité, publicité, service de recrutement de personnel (chasseurs de têtes), informatique, comptabilité).

Les débouchés sont plus dynamiques.

B – Définition du secteur tertiaire

Le secteur tertiaire est constitué par les services, i. e. les activités ne se matérialisant pas par un bien particulier. C’est un secteur à part entière, hétérogène : ce n’est plus un secteur résiduel.

Ce secteur connaît 2 classifications :

  • services marchands – services non marchands
  • services aux particuliers – services aux entreprises

L’investissement immatériel est considéré comme un service :

  • coût élevé de certains services : la publicité par exemple
  • taille des entreprises : banque (chiffre d’affaire important)

C – Causes de l’évolution du secteur tertiaire

1 – Services aux particuliers

Augmentation du taux d’activité des femmes.

Vieillissement de la population (augmentation de l’espérance de vie). Il existe un créneau dans le domaine de la vieillesse (kinés, gardes, médecins, repas à domicile….)

Augmentation des loisirs (voyages, danse, musique…).

Urbanisation croissante.

Innovations liées au progrès technique (l’informatique et sa généralisation).

Lois d’Engel.

2 – Services aux entreprises ou “le marché de l’externalisation”

Marché de l’externalisation : les entreprise confient de plus en plus de fonctions à des prestataires de service (cantine dans une école par exemple). Ces entreprises se recentrent alors sur leurs activités principales.

  • motivation financière : rapport qualité / prix (maîtrise des coûts)
  • excellence : recours à des spécialistes
  • plus grande souplesse dans la gestion du personnel (contrats de 1 à 2 ans pour éviter le problème des licenciements)
  • adaptation aux fluctuations du marché et aux innovations techniques

Les services rendus aux entreprises sont à finalité industrielle.

D – L’essor des services est-il toujours synonyme de déclin de l’industrie (ou peut-on parler de désindustrialisation) ?

1 – Oui…

  • part représentée par l’industrie dans le PIB et dans la population active
  • baisse du nombre d’ouvriers
  • restructuration d’entreprises : licenciements
  • déclin des grands secteurs d’activité
  • délocalisation : coûts de la main d’oeuvre

2 – Mais…

  • il existe une interdépendance entre les 2 secteurs :
    • le secteur tertiaire rend service à l’industrie : publicité, conseils…
    • le secteur de l’industrie rend service au tertiaire : ordinateurs…
  • il existe une division du travail entre les entreprises industrielles et le secteur tertiaire : marché de l’externalisation.
  • il existe une certaine complémentarité entre les 2 secteurs : illusion de tertiarisation.
  • le commerce et le transport sont le prolongement naturel de l’industrie.
  • les performances des grandes surfaces marquent les gains de productivité de l’industrie. De plus, les grandes surfaces sont aussi source de débouchés pour les produits industriels.

Conclusion : sommes-nous dans une société post-industrielle comme le prédisait Colin Clark ?

Oui, car les services ont dépassé l’industrie dans le PIB et dans l’emploi. Aujourd’hui : importance de la matière grise, des métiers du tertiaire et de la croissance de la demande de services par les ménages (lois d’Engel).

Mais l’industrie continue à jouer un rôle déterminant dans la compétition internationale : elle envahit tous les secteurs (secteur tertiaire, secteur primaire).

Donc il faudrait plutôt parler de :

  • tertiarisation du secteur 2 et 1
  • secondarisation du secteur 3 et 1

Finalement, chacun des 2 secteurs a besoin de s’appuyer sur l’autre pour obtenir des résultats.

Nous sommes aujourd’hui dans une société hyper-industrielle car:

  • la part de la production industrielle est importante
  • les investissements dans l’industrie sont importants (robotisation)
  • les emplois directs diminuent
  • il existe un niveau élevé d’investissement dans les services (banques)
  • la part des services dans l’industrie est importante
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Croissance et développement

La révolution transforme profondément le monde occidental entraînant une croissance économique jusque là inconnue. La croissance économique peut aussi s’accompagner de développement.

I – La croissance économique

A – Qu’est-ce que la croissance économique ?

La croissance économique est une notion quantitative et économique. C’est un phénomène mesurable dans le temps et dans l’espace (exemple : la France en 1998).

C’est l’accroissement des richesses d’un pays, mesuré par le Produit Intérieur Brut (l’agrégat PIB). Le PIB peut être exprimé en valeur ou en volume.

Taux de croissance = ( (PIB T2 – PIB T1) / PIB T1 ) * 100

Le PIB marchand est évalué au prix du marché. Le PIB non-marchand est évalué au coût des facteurs (salaires, impôts, amortissements…). Le PIB est la somme des valeurs ajoutées.

Produit National Brut (PNB) = PIB + Revenus reçus de l’extérieur – Revenus versés à l’extérieur.

Croissance extensive : hausse des quantités des facteurs de production (plus de main d’oeuvre, plus de facteur capital, plus de matières premières).

Croissance intensive : hausse de la productivité (meilleure organisation du travail).

B – Les limites du PIB comme indicateur de la croissance

1 – Certains éléments ne sont pas pris en compte dans le calcul du PIB :

  • travail domestique
  • économie souterraine = économie informelle
  • bénévolat
  • troc

Note : l’économie informelle est très importante dans les Pays en Développement (PED), le PIB est donc sous-évalué.

2 – Le calcul du PIB est équivoque

Pour le PIB, un mal et son remède équivaut à 2 biens (double progrès).
Exemples : pollution, voitures…

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Rationalité et esprit du capitalisme

Introduction

Max Weber (1864-1920), sociologue allemand, a écrit l’Ethique Protestante et l’Esprit du Capitalisme en 1905 et a essayé d’expliquer le sens profond du passage d’une société traditionnelle à une société moderne.

Il s’interroge sur les origines du capitalisme, la rationalisation des activités économiques et sociales et la bureaucratie. Le Protestantisme est pour Weber lié à l’esprit du capitalisme.

[toc]

I – La rationalisation des sociétés occidentales selon Weber

A – Rationalité?

Calcul, objectif, contraintes : adaptation des moyens aux fins. Dans les sociétés modernes on accorde de l’importance :

  • aux calculs
  • aux prévisions
  • aux méthodes rigoureuses
  • aux techniques de gestion
  • le droit codifie les relations
  • la loi définit les principes généraux

Weber distingue 2 types de rationalité :

la rationalité par rapport aux fins

exemple : une entreprise a un objectif ( le profit), elle va faire des calculs et s’adapter au contraintes (concurrence).

la rationalité par rapport aux valeurs

exemple : l’éthique protestante

Chaque individu est marqué par des manières de faire et de penser : les hommes ont un éthos. Le capitalisme est avant tout la rationalité appliquée à l’économie (mode de pensée particulier).

B – Rationalisation ?

La rationalisation est un processus des sociétés occidentales qui prône l’extension de la rationalité à l’ensemble du monde social :

  • l’entreprise : taylorisme, techniques de gestion
  • les administrations : bureaucratie
  • la vie politique
  • l’organisation syndicale

Les sociétés modernes sont donc des sociétés rationnelles désenchantées car elles accordent peu d’importance aux croyances, au sacré, aux mythes et au surnaturel.

La rationalisation est le thème central de son interprétation de la société moderne.

C – Les différents types d’action

Weber distingue 4 types d’action.

L’action rationnelle par rapport à un but : l’acteur conçoit clairement le but et combine les moyens en vue d’atteindre celui-ci.

L’action rationnelle par rapport à une valeur : l’acteur accepte tous les risques, non pour obtenir un résultat extrinsèque mais pour rester fidèle à l’idée qu’il se fait de l’honneur.

L’action affective : est dictée immédiatement par l’état de conscience ou par l’humeur du sujet. L’action est définie non pas par référence à un but mais par la réaction émotionnelle de l’acteur placé dans les circonstances données.

L’action traditionnelle : est dictée par des habitudes, des coutumes, des croyances. L’acteur n’a besoin ni de se représenter un but, ni de concevoir une valeur, ni d’être animé par une émotion : il obéit simplement aux réflexes enracinés par une longue pratique.

Les critères utilisés pour bâtir cette typologie sont l’existence ou l’absence de signification donnée par l’acteur à son action.

Pour le sociologue, l’action par rapport à un but et l’action par rapport à une valeur sont les plus intéressantes car elles sont rationnelles.

D – Les 3 formes de domination

1 – Le pouvoir légitime

Le pouvoir légitime est le pouvoir auquel on consent et que l’on ne conteste pas dans son principe. Il existe 3 raisons qui justifient la domination. Selon Weber, il existe 3 types de pouvoir fondés chacun sur une légitimité différente.

2 – Les 3 formes de domination

La domination traditionnelle : (dans les sociétés traditionnelles) : par les habitudes, croyances aux traditions, on obéit à des personnes d’un rang différent (patriarche, seigneur).

La domination charismatique : repose sur la personnalité, les qualités, la confiance d’une personne (prophète, souverain). Jésus et Hitler sont des chefs charismatiques. La seule qualité du chef charismatique est la compétence à persuader ceux dont il cherche à obtenir l’obéissance qu’il possède un ou plusieurs dons extraordinaires.

La domination légale rationnelle : fondée sur la loi, la légalité. Pouvoir dû à des règles établies rationnellement (gouvernement, fonctionnaires). La bureaucratie est l’acceptation de la loi et du droit.

Pour Weber, la bureaucratie représente le mode de fonctionnement des sociétés modernes (processus de rationalisation).

Ceux qui exercent cette domination doivent faire preuve de neutralité : ce sont des agents spécialisés qui agissent de manière impersonnelle. Ils sont nommés par concours et Weber affirme que la bureaucratie n’existe pas que dans l’administration mais aussi dans les grandes entreprises, les partis politiques et les organisations syndicales.

C’est pour Weber la forme d’organisation la plus efficace quant à ses résultats car elle est rationnelle. Elle caractérise les sociétés modernes.

II – Protestantisme et esprit du capitalisme

A – La thèse de Weber

Economie et religion sont deux thèmes étudiés par Weber dans son ouvrage l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme en 1905 et dans lequel il cherche à étudier l’influence que peut avoir la religion dans l’économie.

Weber veut prouver que l’ascétisme préconisé par les protestants entre le 16ème et le 18ème siècle a favorisé l’essor du capitalisme en Angleterre.

La religion protestante produit une certaine éthique et l’intériorisation de cette éthique conduit à un certain éthos.

Weber s’intéresse plus particulièrement au protestantisme puritain (calvinisme). Il existe donc une relation entre religion et changement social. En mettant en pratique cet éthos, les individus ont adapté des comportements favorables à l’essor du capitalisme.

B – Explications

1 – la rationalisation et l’ascétisme religieux

Les protestants doivent avoir une conduite rationnelle :

  • but : accéder au salut éternel
  • rationalité par rapport à une valeur
  • moyen : en menant une vie ascétique rationalisée

2 – la prédestination

Calvin a introduit l’idée de prédestination : le calviniste ne peut savoir s’il sera sauvé ou damné ; de Dieu seul dépend le salut au-delà de la mort.

Pour les catholiques, c’est en fonction de leurs actions qu’ils seront sauvés ou non. Pour les calvinistes, leur conduite sur Terre ne change rien : le protestant est prédestiné. Il faut cependant que sa conduite ne soit pas immorale.

Suis-je un élu ? Le travail sans relâche dans un métier est le meilleur moyen pour dissiper le doute religieux. Le calviniste doit mener une vie laborieuse et austère : la prospérité de ses affaires est le signe de l’élection divine. L’ascétisme protestant est donc l’esprit du capitalisme car deux rationalités sont liées :

  • la rationalité par rapport à une valeur : éthique protestante
  • la rationalité par rapport à un but (économiste) : esprit du capitalisme

3 – la valorisation du travail

Le travail est une forme d’ascèse qui permet de se rapprocher de Dieu, d’éviter de trop s’adonner au plaisir et de ne pas gaspiller son temps.

4 – le métier : une vocation

Le métier a une connotation religieuse de vocation : c’est Dieu qui appelle chaque homme à exercer une activité professionnelle. Ce concept à connotation religieuse valorise l’activité lucrative capitaliste : il s’agit d’une rationalité par rapport à une valeur.

Pour un puritain, l’enrichissement n’est pas une fin en soi, il répond simplement à l’appel de Dieu.

5 – l’épargne

L’ascétisme puritain freine la consommation lorsqu’elle porte sur le superflu et l’ostentatoire. Si la consommation baisse alors l’épargne augmente, de même que l’investissement (E = I).

L’ascétisme protestant a contribué à développer l’esprit du capitalisme : l’enrichissement est un signe que le protestant est promis au salut éternel.

III – L’irrationnalité de certains Pays En Développement (PED)

Les blocages culturels sont souvent évoqués pour expliquer la stagnation de certains PED qui sont encore sous l’emprise d’une pensée magique, irrationnelle ou issue de la tradition. Ils n’ont pas la rationalité nécessaire au développement dans leur culture.

Les modèles de développement capitalistes sont le travail, l’investissement, la recherche du profit, la productivité…

IV – Les Pays En Développement et la bureaucratie

Les dominations importantes dans les PED sont traditionnelles et charismatiques. Or le modèle des pays développés est la domination légale-rationnelle (bureaucratique).

La bureaucratie existe aussi dans les PED mais elle fonctionne sur un modèle clientéliste. L’existence d’une bureaucratie pléthorique est coûteuse pour des pays aux budgets limités.

Le clientélisme est la pratique qui consiste pour le détenteur d’un pouvoir à favoriser des personnes ou groupe de personnes (clientèle) au détriment des autres en échange de la garantie de conserver un pouvoir. Exemple : attribution des postes administratifs en fonction du clientélisme et non du mérite (non rationnel).