The Shamrock Diaries : Day 2

Shamrock

Réveillé par le bruit dans le couloir, je dois de nouveau intervenir, interpellant les mêmes gus qui ont fait les jacques toute la nuit.

Je leur demande de sortir de l’espace cabine parce que les gens dorment encore.

Le message a l’air d’être bien passé cette fois. Je me recouche tout habillé, grapillant quelques minutes d’obscurité relative – pas aisé lorsque les instructions de sécurité brillent dans la nuit d’un jaune phosphorescent…

7h30 – on tambourine à ma porte : “Madame ! Madame !“. Cela commence bien. “Heu non, moi c’est Monsieur…“. Trois élèves m’annoncent alors que tout le monde est malade et qu’ils vomissent partout. Great, just what I need in the morning !

J’attrape les quelques sacs à ma disposition et commence ma tournée : je distribue les poches, m’enquiert de leur santé et les envoie déjeûner, lançant un vigoureux “ce sera comme hier soir, vous irez mieux dès que vous aurez mangé !“. J’assiste alors à un exode massif vers la cantine. Finalement, il suffit de trouver les mots justes.

9h – tout le monde doit rendre sa cabine car le service de nettoyage est en train de passer. Je range mes affaires lorsque l’on frappe à ma porte – ce sont les trublions d’hier soir : “Monsieur, est-ce qu’on enlève nos draps ? On doit prendre nos affaires ?“. Incroyable mais vrai, je suis devenu pour eux l’adulte de référence. Je leur dis qu’ils doivent prendre leurs affaires mais laisser les draps. Ils me remercient poliment.

Je sors de ma cabine et me dirige vers mon groupe. Je surprends alors une conversation entre les deux professeurs des trublions : “on a entendu du bruit hier soir… c’étaient nos élèves mais on a pas osé sortir…“. Bande de LOSERS ! C’est sûr que si personne ne leur dit rien, cela sera forcément l’anarchie hein !

12h30 – on réintègre le car. Première observation lors du passage devant la douane à Rosselare : ce n’est pas marqué “police” sur les voitures mais “garda”, l’équivalent gaélique.

Arrêt vers 15h au McDonald’s de Waterford où je me fais à moitié draguer par une des serveuse qui refuse de croire que je suis avec le groupe de froggies et qui me complimente sur mon anglais. Thank you love ;-)

Galway on the map

20h – arrivée à Galway sur le parking de Mervue Church. Toutes les familles sont garées sur le parking et les élèves descendent au compte-goutte, appelés suivant le numéro de leur famille d’accueil.

L’ambiance est donc très bingo : “number 7, off you go !“. La réponse des autres élèves fuse dans le car : “Ahaha, Antoine se paye la vieille !

Il faut alors que je me morde les deux lèvres pour ne pas perdre mon sérieux. Isabelle restaure le calme immédiatement. Je loge avec le chauffeur de car, Frank.

Notre hôte s’appelle Joan, elle est à la retraite et a travaillé pas mal de temps aux Etats-Unis avant de retourner passer ses vieux jours dans son pays natal. Selon elle, l’Irlande est l’un des meilleurs pays dans lequel vivre lorsque l’on vieillit.

Elle nous fait faire le tour du propriétaire avant de nous inviter à table où nous regardons avec elle sa série préférée – Fair City – qu’elle décortique à mon attention étant donné que Frank ne parle que quelques mots d’anglais.

21h – couché !

The Shamrock Diaries : Day 1

Shamrock

C’est le grand jour du départ et c’est les yeux embrumés que j’essaie d’émerger avec grande difficulté.

Passage à la boulangerie pour déjeuner avant d’aller chercher Isabelle, tête pensante et organisatrice du voyage, pour aller à St Gilles. A

rrivés les premiers, nous assistons à l’arrivée des élèves tous prêts à partir. Tous sauf Marion qui a oublié sa carte d’identité chez elle, ce qui délaye un peu notre départ vers 9h15.

L’ambiance dans le car est détendue : les profs comatent gentiment, joue collée contre la vitre, et les élèves discutent entre eux. Repas sur l’aire d’autoroute du Mont St Michel.

15h – arrivée à Cherbourg. Le car qui nous précède est fouillé entièrement par la douane. Nous passons le contrôle sommaire sans encombres mais après avoir attendu plus de deux heures. L’ambiance devient d’ailleurs plus sonore : les élèves ont besoin de bouger.

18h – tout le monde sur le bateau. Tout le monde ? Non – un petit groupe d’irréductibles, ayant quitté le car en dernier a perdu de vue le reste du groupe. Qui sont-ils ? The group leaders, of course !

Après avoir demandé à l’agent d’accueil – au fort accent polonais – sans résultats, nous appliquons la méthode des cercles concentriques et avons rejoints nos élèves menés par Isabelle : la répartition dans les cabines est en cours.

Tout à coup, un cri : “Matt ! Viens-là tout de suite, on a un problème !“. J’accours cabine 777 : 3 élèves au lieu de 2. Ben oui, comme il y a 49 élèves, il y en a forcément un qui va rester tout seul. Or aucun des trois ne veut quitter le groupe.

Okay, on va jouer cela autrement : “bon, chacun choisit un numéro de 1 à 3″. Je sors la tête hors de la chambre et demande à un élève qui passe par là de choisir un numéro entre 1 et 3. C’est le 3 qui tombe : ” bon, hé bien le 3 sors et vient avec moi”. Problem solved within the minute ^_^

Le bateau se met en mouvement : la mer est démontée et les élèves commencent très vite à montrer les symptômes du mal de mer.

Nous commençons la distribution des sacs (j’ai à cette occasion appris que l’on appelait cela des “poches”) et Etienne, que j’avais pourtant prévenu 10 minutes auparavant, n’a pas trouvé mieux que de vomir *juste* devant la porte de ma cabine. YBMF. Les élèves ont ensuite quartier libre pour explorer le bateau.

19h30 – repas à bord : frites/nuggets. Il faut batailler pour inciter les élèves à manger mais cela porte ses fruits : arrivés dans le restaurant patraques, ils repartent revigorés et plein d’allant.

Je bois une petite bière avec mes collègues pour décompresser et attendre l’heure du couvre-feu, prévue à 21h30.

A l’heure dite commence alors une bataille genre guérilla pour forcer les élèves à regagner leur cabine : à peine une chambre est-elle inspectée que l’on peut entendre le verrou se déverouiller et la porte s’ouvrir. A 22h, le quartier est bouclé. On peut aller se coucher.

23h05 – je me rhabille en vitesse pour appréhender les quelques élèves d’un autre collège qui mettent le souk dans le couloir : cris, portes qui claquent, loquets qui se (dé)verrouillent, courses-poursuites dans les coursives…

Je mets le hola et le calme revient provisoirement. Une heure plus tard c’est notre collègue de maths, Sylvanie, qui sort pour calmer leurs ardeurs. Nuit courte donc.