La vérité sur le Black Friday

Reto Zenhäusern, consultant zurichois ayant inspiré l’importation de la tradition du Black Friday en Suisse, nous en explique le principe en 120 secondes:

Présentateur:

Aujourd’hui c’est le Black Friday, un événement organisé depuis très peu de temps en Suisse, c’est seulement la quatrième année qu’il a lieu, mais qui rencontre chaque année davantage de succès, même si les critiques à son sujet se font de plus en plus nombreuses. Le Black Friday, c’est une journée de soldes exceptionnelle organisée par les commerces participants àl’opération et on va en parler avec vous ce matin, Réto Zenhäusern, bonjour.

Réto Zenhäusern:

Bonjour monsieur.

Présentateur:

Vous êtes consultant à Zurich et vous avez contribué à importer la tradition du black friday en Suisse.

Réto Zenhäusern:

Oui c’est juste c’est une grande fierté pour moi. Oui c’était il y a quatre ou cinq années un très bon ami à moi qui gère une entreprise de distribution, c’est une chaîne de de grand magasin, il m’a dit, je cherche une nouvelle idée de fête à la con pour encourager les pauvres à acheter de la merde entre Halloween et Noël et moi j’ai dit : “ça c’est un beau projet.

Présentateur:

lEt vous lui avez proposé Importez donc cette tradition qui vient indirectement des États-Unis.

Réto Zenhäusern:

Oui les États-Unis c’est juste qui sont les champions des fêtes à la con pour dopper le shopping. Le Black Friday, c’est le lendemain de Thanksgiving, une autre fête à la con, mais ce n’est pas une fête où on fait du shopping pour célébrer quelque chose comme à la Saint-Valentin ou on fait du shopping pour célébrer l’amour. Comme à Noël ou on fait du shopping pour célébrer la naissance d’un enfant magique ou à Halloween, on fait du shopping pour célébrer la peur. Non là, on on fait du shopping juste pour célébrer le shopping. C’est gonflé comme concept, mais ça cartonne.

Présentateur:

Alors le principe, c’est que les enseignes participantes proposent des rabais importants à vingt, trente, quarante, voire cinquante pour cent sur leur stock.

Réto Zenhäusern:

Oui, mais pas sur tout le stock, même si certains clients le pensent et c’est très bien comme ça. Non, en fait la nuit avant le Black Friday, on retire du magasin tous les produits de qualité, ce que les clients seraient d’accord de payer trop cher, c’est à dire de payer au prix normal et on laisse que les produits nuls, ceux qui ne se vendent pas, mais on les vend juste cher. Mais avec un sticker moins quarante pour cent, les clients ils se disent que c’est presque gratis, et que peut-être le commerçant il renonce à sa marge et ils achètent le produit, même si le produit est nul et même s’ils n’ont absolument pas besoin du produit – it’s magic!

Présentateur:

Certains commerçants renoncent à à leur marge le Black Friday?

Réto Zenhäusern:

Non non non non vous êtes fous ! Non non peut-être peut-être ceux qui savent pas faire du commerce comme les petits commerçants qui n’ont pas assez du stock ou pas assez du marge et qui veulent quand même participer au Black Friday, mais eux ils seront bientôt tous disparus. Non mais, mais pas les vrais commerçants, non non non, ça veut dire les les grandes enseignes, c’est ça les vrais commerçants. Non, je peux vous dire les les seuls qui font vraiment des affaires le Black Friday c’est elles.

Présentateur:

Les grandes enseignes. À cause du du volume vendu ce jour-là?

Réto Zenhäusern:

Oui oui, mais aussi parce que ça permet de liquider les stocks d’invendus, qui coûteraient de l’argent s’il fallait les brûler, à cause de l’écologie, il y a toujours des taxes malheureusement. Non là, on encaisse un petit peu moins par pièce, mais on vend beaucoup plus de pièces et on fait de la place pour des nouvelles pièces qu’on pourra vendre plus cher lors de la prochaine fête à la con, Noël, it’s magic!

Présentateur:

Juste les voix de plus en plus nombreuses qui s’élèvent pour critiquer le Black Friday, ça ça vous inquiète?

Réto Zenhäusern:

Non pas du tout, c’est absolument pas inquiétant. Il y a toujours eu, vous savez, une une petite minorité d’emmerdeurs frustrés, les végans, les écolos, les locavores, les consommateurs éthiques, les gauchistes. Oui, tous ceux qui refusent le système, oui alors il faut un petit peu se creuser la tête pour les maintenir dans le système en leur proposant des produits qui leur font croire qu’ils n’y sont pas, ça c’est le travail des gens qui font du marketing, ça fait perdre un peu du temps, mais bon, c’est une toute petite minorité. Une minorité qui qui n’est pas assez nuisible pour modifier le comportement de la masse des pauvres, des des gens normaux comme vous tous dans le studio. Des gens qui qui sont prêts à acheter n’importe quoi juste pour se sentir exister. C’est formidable, l’être humain pour croire qu’il est heureux, il lui suffit de se concentrer sur l’accessoire et ça lui fait oublier l’essentiel. Acheter pour être heureux, ensuite poubelle et acheter à nouveau un petit bout de bonheur jusqu’à ce qu’on meurt. Pour tenir le coup, c’est bien, c’est magique.

Présentateur:

Très bien, je vous remercie pour ces explications très claires et je vous souhaite une bonne journée.

Réto Zenhäusern:

Oui merci et n’oubliez pas d’aller faire du shopping, vous allez faire, nous allons faire de bonnes affaires!

Ah la société de consommation… It’s magic !

Sarcasm level: infinity.

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