Photographie en noir et blanc d'Edgar Allan Poe.

La vie d’Edgar Allan Poe

Edgar Allan Poe est un auteur américain de la première moitié du XIXe siècle, très prolifique puisqu’il a écrit plus d’une soixantaine de nouvelles et de poèmes. Edgar Allan Poe s’affirme en tant qu’écrivain de grande renommée, reconnu prestigieux en France grâce au poète Charles Baudelaire qui, en traduisant ses œuvres, leur a conféré une beauté et une pureté exceptionnelles.

Malmené dès l’enfance par la vie, assoiffé de tendresse, malchanceux en amour, hanté par ses phantasmes et ses démons intérieurs, névrosé au plus haut point, la littérature lui sert de catharsis et lui permet d’exorciser ses dieux noirs.

Incompris de ses congénères romanciers de langue anglaise, mais sincèrement loué et admiré par des poètes tels que Tennyson, Yeats et Mallarmé, écartelé entre névrose et lucidité, Poe refuse d’accepter ses défaites et prend souvent le parti de rire de ses misères plutôt que d’en pleurer.

Ses œuvres sont autant de cris de souffrance, dans un monde qu’il ressent comme hostile, peuplé de silence et d’infinie solitude. Son humour est l’expression de ce désespoir courageusement camouflé, de ce défi du vaincu à l’égard d’un destin qui l’accable.

Analyste lucide raisonnable, capable de démonter n’importe quel mécanisme, Edgar Poe est à l’origine du roman policier en littérature. Les Histoires Extraordinaires, les Nouvelles Histoires Extraordinaires et les Histoires Grotesques et Sérieuses sont dominées par le plus instinctif des sentiments, la peur.

L’univers des contes d’Edgar Poe est un monde de cauchemar, peuplé de paysages nocturnes désertiques et silencieux, ponctués de demeures lugubres et mystérieuses, où vivent des personnages déséquilibrés, à l’hérédité chargée, s’adonnant parfois à l’alcool et à l’opium, se sentant traqués et menacés au point d’en perdre la raison ou la vie dans des circonstances horribles.

Si la vie ne fait pas l’œuvre d’un écrivain, du moins entre-t-elle ici largement dans celle d’Edgar Allan Poe, au point qu’il nous a semblé indispensable de relater sa biographie qui éclaire le lecteur dans une saisie intelligente de son œuvre.

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Une peinture représentant une île dans la jungle survolée par un dragon, inspirée des paysages d'un autre monde trouvés dans Monde Perdu.

Voyage au Centre de la Terre et Monde Perdu

  1. Le Voyage Imaginaire : l’exploration des mondes
  2. La structure narrative des 7 voyages de Sindbad le Marin
  3. Sindbad : la rhétorique de la vraisemblance
  4. Le Merveilleux, le Fantastique, et le Mythe dans Sindbad le Marin
  5. Jules Verne : Voyages au Cœur de l’Extraordinaire
  6. L’impact de l’illustration dans l’imaginaire vernien
  7. Géodésiques de la Terre et du Ciel
  8. Jules Verne et ses illustrateurs : une collaboration unique
  9. Jules Verne : les légendes sous les images
  10. Voyage au Centre de la Terre et Monde Perdu

Dans “Voyage au Centre de la Terre” de Jules Verne et “Le Monde Perdu” d’Arthur Conan Doyle, les personnages qui racontent l’histoire sont des aventuriers et des écrivains (capables de maîtriser le temps). Tous deux utilisent le journal et garantissent le vécu. En 1912, le journalisme avait une importance capitale et les gens s’identifiaient aux propos rapportés.

Personne ne retrouve l’accès aux mondes perdus. Les participants de l’expédition ont un objectif commun : vérifier les actions entreprises par leurs prédécesseurs (Sackmussen, Maplewhite). Ces mondes perdus existent puisqu’on peut les voir : c’est la rhétorique de la vraisemblance, et la garantie du vécu.

C’est par l’analyse de l’imaginaire que l’on comprend les personnages. Axel et Malone sont exhortés au voyage par des femmes (Graüben, Gladys) et la récompense par le mariage. Lidenbrock/Hans et Challenger/Roxton sont les maîtres spirituels. Les épreuves initiatiques montrent les différences morales et physiques : fatigue, honte, peur. Lidenbrock et Challenger sont les hommes des verticales. Hans et Roxton sont les sauveurs.

Axel et Malone sont sauvés par miracle et reprennent conscience après une chute soudaine. L’épreuve, la chute, la perte de connaissance et la reprise de conscience rappellent le schéma narratif de Sindbad le Marin. Ils se retrouvent à l’origine du monde avec la rencontre avec le berger antédiluvien et les deux ethnies : les hommes singes (le chaînon manquant) et les Indiens (qui n’ont aucun équivalent dans Voyage au Centre de la Terre).

Le champignon symbolise-t-il le village de l’homme singe ? Axel et Malone déchiffrent tous deux un cryptogramme : Axel au début, et Malone à la fin du roman. Malone renaît avec un statut d’initié mais il existe une différence à la fin avec Axel : Malone ne se marie pas et retourne au Monde Perdu.

Arthur Conan Doyle brouille les pistes et les informations mélangent fiction et réalité. Challenger annonce des “preuves”, qui sont en réalité : un carnet de croquis, une photo flou et un os. La photographie était une preuve en 1912 mais ce n’en est plus une aujourd’hui, à cause des trucages et montages médiatiques, ou encore de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le plus important, c’est d’encourager l’aventure.

Let them go. They will always find something.

Arthur Conan Doyle

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Un dessin d'un vaisseau spatial survolant la lune, inspiré des légendes imaginatives et des images à couper le souffle de Jules Verne.

Jules Verne : les légendes sous les images

  1. Le Voyage Imaginaire : l’exploration des mondes
  2. La structure narrative des 7 voyages de Sindbad le Marin
  3. Sindbad : la rhétorique de la vraisemblance
  4. Le Merveilleux, le Fantastique, et le Mythe dans Sindbad le Marin
  5. Jules Verne : Voyages au Cœur de l’Extraordinaire
  6. L’impact de l’illustration dans l’imaginaire vernien
  7. Géodésiques de la Terre et du Ciel
  8. Jules Verne et ses illustrateurs : une collaboration unique
  9. Jules Verne : les légendes sous les images
  10. Voyage au Centre de la Terre et Monde Perdu

Je ne sais si, adolescent, j’ai été aussi sensible au langage de Jules Verne que je I’avais été, un peu plus tôt, à celui de Charles Perrault et de Lewis Carroll. L’enfance est séduite par les édifices étranges que forment les mots (« et la chevillette cherra », « off with his head »), l’âge suivant par les cryptogrammes en somme, de part et d’autre, par les rébus. Mais je me rappelle que les Voyages extraordinaires me touchaient par la combinaison, à mes yeux fascinante, des images et des légendes courant sous les images.

Lorsque j’ouvrais l’un des livres édités par Hetzel, je feuilletais les pages jusqu’au moment, qui n’était jamais bien loin, où une illustration, occupant tout l’espace, et plus souvent deux illustrations moins grandes se faisant face fixaient mon regard. Je ne m’inquiétais pas de leur auteur (j’ignorais alors qu’il y en eût plus d’un). Les textes au-dessous de l’image me paraissaient faire corps avec elle : parce qu’ils en donnaient le titre (comme le cartouche d’un tableau) ou y entraient directement (comme le fragment d’un dialogue, ainsi que feraient un jour les phylactères). J’avais le sentiment, juste, de l’histoire – ou plutôt, de l’affabulation. L’histoire m’était fournie par la couverture du Iivre ; cependant les personnages, les lieux, les circonstances, surgissant sous mes doigts de six en six feuillets, me jetaient dans la féerie vernienne.

La légende comme introduction au suspense

J’aimais particulièrement les premières pages, les premières images : où l’auteur réussissait à piquer la curiosité en donnant au récit un point de départ très éloigné des événements qui allaient suivre et cependant fatal. C’était, dans Les Enfants du Capitaine Grant, une bouteille arrachée au ventre d’un monstre marin, dans L’Ile mystérieuse, un ballon fuyant Richmond tenue par les Sudistes, assiégée par les Confédéraux, dans Hector Servadac, deux gentilshommes échangeant leurs cartes sur une plage d’Afrique – ou bien je voyais que le Voyage au Centre de la Terre commençait sur un escalier hélicoïdal enveloppant un clocher de Copenhague (les héros y prenaient des « leçons d’abîme »).

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