Un volontaire pour réciter le cours?

Quand tu demandes aux élèves qui veut réciter le cours, que tout le monde baisse les yeux et que le malaise s’installe dans la classe.

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Ah, l’école ! Ce royaume intemporel où les jeunes esprits s’épanouissent, et où parfois, ils se réfugient derrière des regards fuyants pour échapper à l’interrogation. Qui n’a pas connu cette scène ? En tant que professeur, je suis témoin quotidien de cette comédie humaine, un tableau vivant d’élèves devenant soudainement fascinés par leurs cahiers, leurs stylos, ou même une invisible particule dans l’air, dès que je lance ma fameuse question : « Qui veut bien réciter le cours ? ».

Il y a quelque chose de presque poétique dans ce ballet de regards qui plongent et de corps qui se ratatinent. C’est un langage universel, compréhensible par tous les enseignants à travers le monde. Chaque pupitre devient une forteresse, chaque élève un stratège, calculant le meilleur angle pour se rendre invisible.

Mais derrière cette scène, souvent amusante pour nous les enseignants, se cache une réalité plus profonde. Ces regards baissés sont le symptôme d’une peur, celle de l’échec, du jugement, ou simplement de prendre la parole en public. Notre société valorise tellement la réussite et la performance que l’erreur est devenue un monstre sous le lit, un épouvantail dans le champ de l’estime de soi.

Dans ce contexte, notre rôle d’enseignant va bien au-delà de la simple transmission de connaissances. Il s’agit de cultiver un environnement où l’erreur n’est pas une fin, mais un tremplin, où chaque faux pas est une opportunité d’apprentissage. Rappelons-nous que les grands esprits de notre histoire n’ont pas atteint leurs sommets sans trébucher à plusieurs reprises.

Pour briser cette barrière invisible de l’anxiété et de l’appréhension, il faut d’abord comprendre nos élèves. Chacun d’eux est un univers complexe, avec ses propres peurs, ses propres rêves. Certains ont peut-être vécu des expériences désagréables lorsqu’ils ont pris la parole en public, tandis que d’autres manquent peut-être tout simplement de confiance en eux.

Il est donc crucial de créer une atmosphère de classe où la bienveillance prime. Un environnement où les élèves savent qu’ils peuvent se tromper sans risque de moquerie ou de réprimande. Cela nécessite de notre part, en tant qu’éducateurs, une dose de patience, d’empathie, et un brin de créativité.

Pourquoi ne pas transformer cette demande de récitation en une activité plus engageante ? Par exemple, en organisant des jeux de rôles où chaque élève peut jouer un personnage de l’histoire ou de la leçon. Ou encore, en intégrant des techniques d’apprentissage coopératif où les élèves travaillent en petits groupes, se soutenant et s’encourageant mutuellement.

Il est également important de reconnaître et de valoriser les efforts de chacun. Un mot d’encouragement, un sourire, ou simplement un signe de reconnaissance peut parfois faire des miracles sur la confiance d’un élève. Rappelons-nous que l’éducation n’est pas seulement une question d’intellect, mais aussi et surtout d’émotion.

En fin de compte, le défi n’est pas seulement d’enseigner le curriculum, mais de préparer ces jeunes esprits à affronter le monde avec assurance et résilience. Cette scène quotidienne de regards fuyants est donc bien plus qu’une simple anecdote humoristique. C’est une fenêtre sur l’âme de nos élèves, une invitation à comprendre leurs peurs et à les aider à les surmonter.

Alors, la prochaine fois que je demanderai qui veut réciter le cours, j’espère voir moins de têtes baissées et plus de mains levées. Mais même si ce n’est pas le cas, je saurai que chaque regard fuyant est une opportunité d’enseigner quelque chose de bien plus précieux que le contenu du cours : la confiance en soi et le courage de faire face à ses peurs.

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